Nouveau v379
Mission encre noire

Émission du 3 décembre 2019

Mission encre noire Tome 27 Chapitre 323. À Côté de nous le déluge - La société d'externalisation et son prix de Stephan Lessenich préfacé par Arnaud Theurillat-Cloutier et traduit de l'allemand par Raymond Roy (avec la collaboration de Simon Lanctôt) paru en 2019 aux éditions Écosociété. Selon Oxfam, les 80 personnes les plus fortunées de la planète possèdent autant de ressources matérielles que la moitié de la population la plus démunie. Ces statistiques laissent à penser que le problème ne concerne qu'un cercle restreint de personnes richissimes. Or ce serait trop simple, malheureusement, les racines du  sont plus profondes. Déjà posséder et en vouloir plus, n'est pas réservé aux seules personnes d'une classe privilégiée, cela concerne un mode de vie, un ensemble d'états émotionnels qui guident des larges pans des sociétés riches de la planète. Oui, nous fermons les yeux sur des mécanismes de redistribution à notre seul profit depuis des lustres. Oui, vous, moi, toi. Nous, citoyens ordinaires, siégeons au sommet d'une pyramide au détriment des autres, nous vivons au-dessus des moyens des autres. L'objet percutant de ce livre est de nous dévoiler le concept d'externalisation, de déplier simplement, sous vos yeux ébahis un phénomène qui pourrait aisément se traduire par le bien nommé: Pas dans ma cour. Je ne donne pas cher de la saveur que prendra votre prochain café extrait d'une capsule après la lecture de cet essai saisissant. Un livre qui a marqué le fortement le débat en Allemagne dès sa parution.  Naître au nord constitue un privilège exclusif comme le souligne Arnaud Theurillat-Cloutier dans sa préface, il est notre invité, ce soir, à Mission encre noire. Extrait: « Voilà la contradiction profonde de cette structuration sociale: il est impossible, dans cette société d'externalisation, de donner accès à tous au confort matériel des pays riches, car cela supposerait qu'il n'y ait plus d'extérieur où exploiter des travailleurs à la chaîne, où sous-traiter l'accueil des migrants, où ponctionner les sols pour en récolter le soja et l'huile de palme, où déverser les déchets électroniques. L'inégalité structurelle de la société d'externalisation en fait une société non universalisable. Cela permet d'ailleurs de comprendre combien cher vaut alors la citoyenneté d'un pays comme l'Allemagne, le Canada ou la France, parmi d'autres. Naître au Nord constitue un privilège exclusif: une espérance de vie plus élevée, un revenu plus élevé, un environnement plus sain et une liberté de circulation interdite à la plus grande partie de l'humanité.» Bolivie: L'illusion écologiste de Dimitri de Boissieu paru en 2019 aux éditions Écosociété. Lorsque l'auteur, qui enquête pour des ONG de protection de la nature en 2001 et 2003, décide de revenir en Bolivie en 2015 pour témoigner de l'état du pays après l'accession au pouvoir du premier président indigène de l'histoire du pays, le visage et la parole d'Evo Morales s'affichent partout. Depuis plusieurs siècles l'économie du pays le plus pauvre d'Amérique latine est basée sur l'exploitation des matières premières. Peu de chefs d'État se sont engagés, comme le fait Evo Morales, depuis 2006, pour l'environnement. Valoriser les cultures ancestrales des peuples autochtones, viser le capitalisme comme le responsable principal du saccage de la planète font parti du discours engagé du parti, le MAS. Devenu, avec d'autres figures d'État de la région, les nouveaux champions d'une gauche plutôt moribonde en Europe, le projet sociétal d'Evo Morales intrigue. Pourquoi s'intéresser en particulier à la Bolivie ? Parce-qu'il s'y joue une tragédie qui nous concerne toutes et tous: un autre monde est-il possible ? Dimitri de Boissieu vous donne une chance inédite de vous immerger dans le passé récent de la Bolivie, sous la forme d'une balade érudite et richement documentée qui donne un éclairage insolite et exaltant sur les récents événements qui agitent le pays. Dimitri de Boissieu est notre invité à Mission encre noire. Extrait: « Une intervenante française au colloque sur le changement climatique s'étonne de la présence de fast-foods Burger King bien en vue dans les artères de la capitale anti-impérialiste. Il est vrai que le départ de McDonald's de Bolivie avait fait couler beaucoup d'encre en 2002. Les médias alternatifs avaient salué la résistance du peuple bolivien à la malbouffe américaine. En fait, McDonald's est simplement parti du fait d'une piètre rentabilité de ses magasins sur le sol bolivien. La multinationale fut sans doute victime d'une forte concurrence. Les boliviens sont en effet friands de frites, hamburgers et autres poulets frits, préparés dans de petites cahutes de rue et dans de vastes fast-foods arborant de nombreuses enseignes colorées. Lorsque McDonalds s'en est allé, la chaine Burger King a immédiatement repris tous ses magasins. N'en déplaise aux altermondialistes européens, l'année 2015 voit finalement revenir McDonald's en Bolivie, au grand bonheur de la classe moyenne bolivienne.»

Feuille de route

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Mission encre noire 07 décembre
Émission du 6 décembre 2022
Mission encre noire Tome 36 Chapitre 397. Un homme et ses chiens par Marc Séguin paru en 2022 aux éditions Leméac. Que faut-il donc pour qu'un homme se dise presque heureux ? Dans sa vie, il a eu ses chiens, Mujo son premier, il avait sept ans, son confident. Easter, Goose et Maya suivront. Dès ses 4 ans, il a souhaité la fin du monde. Ne sachant trop quoi faire de cette euphorie soudaine, il détruit ses modèles complexes pour pouvoir les reconstruire. Plus tard, il fuira le monde et ses conventions à travers les drogues, puis les livres. Il aura connu l’amour, à plusieurs reprises, malgré sa sauvagerie. Sans cynisme, il constatera son incapacité à partager son quotidien bien longtemps. Ce qu'il cherche est plus grand que soi, une façon de vivre qui pourrait taire sa colère intérieure. Il restera à Anticosti plusieurs années, puis sur l’île aux Naufrages. Il deviendra guide de chasse, avec ses chiens, pour accompagner de riches américains, des français ou des anglais. Néanmoins, la question demeure: que faire de ses forces obscures qui le bousculent ? Comment apaiser ses rapports amoureux ? Marc Séguin nous présente le portrait tout en nuances d’un homme qui s’inscrit en rupture de la société. Lui qui aimerait tant ajouter un chapitre de bonheur véritable à l’histoire de sa vie, même s’il juge le quotidien définitivement trop triste. Pourtant si l’humanité court à sa perte, à quoi cela sert-il de vouloir encore aimer, pour de vrai, en grand, jusqu’à la douleur peut-être? Si par un ciel clair, il est encore possible de voir des étoiles filantes aujourd’hui, parfois elle nous attire comme un mauvais rêve, loin du vide. Pour nous signifier que nous ne sommes pas seul au monde. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire Marc Séguin.
60 min
Mission encre noire 30 novembre
Émission du 29 novembre 2022
Mission encre noire Tome 36 Chapitre 396. Les allongées par Jennifer Bélanger et Martine Delvaux paru en 2022 aux éditions Héliotrope. Les deux autrices confessent être prise en otage par des douleurs et des fatigues chroniques, si brutales parfois, à vous laisser le souffle court. Comment témoigner de ce qui échappe au regard, de ce qui ne se partage pas,voire jamais ? À quoi ressemble le monde vu d’un lit, cet étrange objet, lieu grave s’il en est, lieu de naissance, de passion, de désir, de mort, de souffrance et aussi d’oubli. Car voilà, comment peux-t-on avoir une vie quand on la subit couchée? Martine Delvaux et Jennifer Bélanger s’entourent d’autres femmes, écrivaines, artistes, amies, mères, filles, amantes et soignantes pour rendre hommage à toutes celles qui plient sans doute un peu plus chaque jour sous le poids de leur plaies et blessures ; les accidentées, les insomniaques, les survivantes et qu’on invisibilise encore trop souvent. Les voix de ces femmes qui luttent, se rebellent, s’arc-boutent devant un monde qui préfère les reléguer aux rôles de paresseuses, d’hystériques ou de martyres cinglent les pages de ce court essai. Même si leurs corps les obligent à ralentir, les deux autrices ne renoncent surtout pas à redonner une voix à celles laissées pour mortes. Pour toute une famille élargie de résistantes, il reste le rêve et l’écriture d’autres récits, j’accueille, à Mission encre noire, Jennifer Bélanger et Martine Delvaux.
60 min
Mission encre noire 23 novembre
Émission du 22 novembre 2022
Mission encre noire Tome 36 Chapitre 395. J’étais un héros de Sophie Bienvenu paru en 2022 aux éditions Le Cheval d’août. Yvan, 62 ans et Miche, sa colocataire-sa blonde, se retrouvent démuni.e.s aux urgences d’un hôpital pour recevoir un diagnostic sans appel. Yvan a passé sa vie à se détruire, Miche aussi d’ailleurs, étant devenue alcoolique comme lui. Il est tout seul, il l’a toujours été, sa vie aura été ça : un amas d’affaire ratées et d’occasions perdues. Ça fait 20 ans qu’il n’a pas revue Gabrielle, sa fille. Il ne lui a même jamais donner son numéro de téléphone.Que pourraient-ils se dire de toute manière? Pourtant dans le temps, il était son héros. C'est lui qui le dit. Son rire d'enfant faisait de lui un surhomme. Heureusement, aujourd'hui il lui reste encore un chat trouvé dans les poubelles et Miche qui l'ennuie. Il fait ce qui lui tente l'animal, il est libre, il est maître de son destin. Ça lui plaît ça, à Yvan. Rien n'est moins vrai. Sophie Bienvenu nous dévoile le portrait d’un homme blanc, d’un baby boomer, prisonnier des rôles qu’il s’est imposé. Il vient d'une génération qui se sait malhabile avec les émotions et qui préfère encore les silences ou les baisers de feu de l’ivresse pour colmater les cicatrices du passé. Enfant quand on a le goût de pleurer devant Lassie, de jouer avec les petites filles à la poupée, et, plus tard, de vouloir porter des pantalons rouges comme Bowie, ça marque quand même son homme. Que reste-t-il de tout cela au final? Comment enfin prendre la parole avec sa fille? Peut-on pardonner après si longtemps? Je reçois Sophie Bienvenu, ce soir à Mission encre noire.
60 min
Mission encre noire 09 novembre
Émission du 8 novembre 2022
Mission encre noire Tome 36, Chapitre 394. Niagara par Catherine Mavrikakis paru en 2022 aux éditions Héliotrope. Ici nous sommes en présence de la voix de la narratrice au pied des célèbres chutes, l'eau et ses remous se déchaînent. Elle guette encore au bord du parapet l’apparition improbable de la silhouette fantomatique de sa mère, morte depuis belle lurette, dérivant au long des rives des grands fleuves du continent américain. Car voilà, ce deuil, éveille en elle, un rêve insensé, que ce soit à partir des photos de son enfance, lors d’une première visite à Niagara en 1964, ou bien à la suite d'une citation de marguerite Duras, la narratrice voit encore et encore, le corps aimant disparaître sous les écumes et rejoindre les berges du Mississippi. Marquée par le séisme provoqué par cette perte, elle y puise une inspiration inédite, qui, sur le modèle de François-René de Châteaubriant, ou est-ce peut-être Flaubert, Mallarmé ou même Jeff Buckley et bien d’autres, lui permet d’élaborer de véritables Mémoires d’outre-tombe. Se dessine, alors, sous la plume espiègle et badine de l’autrice, un portrait tout aussi jouissif que douloureux, de ce qui fonde, il faut bien se l’avouer, un héritage littéraire. Plouf, donc, sillonnant le territoire nord américain des songes, Catherine Mavrikakis s’amuse à dégringoler ces chutes, car c’est à Niagara qu’elle contracté la maladie de la mort. De quoi s’agit-il au juste? J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Catherine Mavrikakis.
60 min
Mission encre noire 18 octobre
Émission du 18 octobre 2022
Mission encre noire Tome 36 Chapitre 393. Candy par Benjamin Gagnon Chainey paru en 2022 aux éditions Héliotrope. Lorsque la nuit se drape de faux-semblants, Candy, drag queen, multiplie les numéros au cabaret Rocambole à Villecresnes. Dans sa loge, elle se prépare à la gloire, à danser et à chanter en pleine lumière. Thierry meurt un peu plus chaque nuit pour laisser éclore la glamoureuse étoile qui naît sous les yeux ébahis de la foule en délire. Et si le cabaret commence à bander, c’est pour son Mathurin qu’elle tremble. C’est pour lui qu’elle chante, c’est pour lui qu’elle va fuir ces bas-fonds. Mathurin et sa femme fatale vont se déguiser en courant d’air et mettre le cap sur le paradis en talons haut. Une ombre distordue les attend, cependant, au détour d’une rue. Une hideuse vieillarde, porteuse de malheur, qui ricane et toussote. Ils commettront leur premier meurtre. Déclarés coupables, les amants briseront pourtant leur chaîne et ils s’uniront pour le pire car l’enfer est pavé de bonnes intentions. Conte d’amour pour adultes et vacciné.e.s, cette cavale du tonnerre déroule son tapis rouge avec style et emphase, dans les plis duquel, il se pourrait, que l’éternelle Divine de Jean Genet se prenne les pieds. Candy, la vie contée d’une Notre-Dame-des-Fleurs enceinte d’un fruit d’amour impossible, devient un fascinant lieu de passages entre les identités, la réalité et la fantasmagorie. En route, donc, pour l’Eden. Faites gicler strass et paillettes, j’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Benjamin Gagnon Chainey.
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