Nouveau v379
Mission encre noire

Émission du 28 janvier 2020

Mission encre noire Tome 28 Chapitre 327. Ghetto X  une enquête de Victor Lessard de Martin Michaud paru en 2019 aux éditions Libre Expression. Le mètre quatre-vingt dix de Victor Lessard, barbe drue et les cheveux coupés en brosse considère l'homme qui ballote dans le vide au bout de ses doigts à l'extrême saillie du toit du Casino de Montréal. « Quand tu t'es déshabillé jusqu'au coeur, tu sais qui t'es vraiment », le joueur ne croit pas si bien dire, en fait sa déclaration serait presque prémonitoire pour l'ex enquêteur des crimes majeurs. Il pourrait y penser, un peu plus loin dans le temps, se relevant les mains couvertes de coupures et d'ecchymoses après l'assaut des Forces spéciales contre un baraquement qui abrite un obscur groupe armé d'extrême droite. Pour Lessard, traquer des tueurs est une seconde nature. Jacinthe Taillon, son intime partenaire de toujours au SPVM, le sait bien. Cependant, depuis Violence à l'origine et la capture du Graffiteur collaborer avec Marc Piché, le directeur du SPVM, est impossible. Travailler pour le casino fera l'affaire, le temps qu'une nouvelle affaire de meurtre éclate: Guillaume Lefebvre, 37 ans, journaliste, est abattu avec un fusil de précision par un tireur embusqué. C'est le début d'une descente en enfer pour le duo fétiche d'une série toujours aussi dynamique et accrocheuse. Martin Michaud confirme une fois de plus qu'il est bien le maître du thriller québécois. Accro à la télé série Victor Lessard ? Vous feriez une erreur de ne pas vous jeter sur le roman, l'auteur est suffisamment sagace pour vous offrir des angles inédits et d'autres sensations fortes sur le papier. Pour le prouver, je reçois Martin Michaud à Mission encre noire, ce soir. Extrait: « Dans nos vies d'aujourd'hui, le temps fuit, le temps déborde, et il transforme les humains en automates décérébrés courant à l'aveugle et s'agitant sans savoir où ils vont, moins désireux de connaître la direction à emprunter que de continuer à courir. Mais parfois survient un événement - en règle générale un drame ou une tragédie - qui vous force à prendre conscience du poids de chaque seconde, qui crée un infra-monde où l'espace-temps se dilate, là où, brusquement, le temps s'écoule au ralenti, là où chaque milliseconde s'étire comme une goutte d'eau qui se détache de la gueule d'un robinet. Et pendant cet infini battement de cils où votre existence se trouve en suspension dans une antichambre noire et marécageuse dont vous voulez à tout prix vous échapper, vous rêvez de rejoindre le troupeau et de reprendre la course vers nulle part. Durant cette milliseconde où le temps s"est arrêté, une femme s'était mise à hurler et à gesticuler pour avertir un adolescent qui, casque d'écoute aux oreilles, absorbé par sa musique se dirigeait vers la fusillade.» Le cercle de cendres de Félix Ravenelle-Arcouette paru en 2019 aux éditions Héliotrope Noir. Dave aimerait échapper à son destin de gangster, lui qui a péniblement obtenu ses bourses pour reprendre des études à l'université de Montréal. Quand on vient de Kahnawake ou de Kanesatake, il y a de bonnes chances que votre dossier s'enlise. Jenny le sait bien, alors qu'elle range son costume, ayant bien dansé cette fin de semaine au Pow wow annuel. Elle sait aussi que son frère est un chien fou et elle ressent un grand effroi.  Dave embarque des caisses de cigarettes de contrebande dans son pick up pour le compte d'une bande de Hell's du coin. Il les charge dans sa barge et se dirige vers les côtes américaines. Ce serait de l'argent rapide et facile, si ce n'est que ses clients deviennent plus avides et lui somment de transporter un véhicule rempli de poudre. Comme le lui dit cet ancien Warrior,« le monde des blancs n'est pas pour eux », Dave est conscient d'avoir jeté un pavé dans la fenêtre de son destin et les éclats déchirent déjà ses chairs. Serait-ce le prix à payer pour retrouver la grandeur d'âme du guerrier Mohawk, mangeur d'homme, qui hurle en lui alors qu'une escouade tactique menace aux abords de la réserve ? Digne héritier de Jim Thompson et du polar européen, Félix Ravenelle-Arcouette sort sa plume de son étui et abaisse le cran de sûreté pour confronter son histoire à la réalité de la vie en territoire Mohawk, à deux pas de Montréal. Ayant passé plusieurs mois à enquêter à Kahnawake et Kanesatake, l'auteur avance en terrain connu, et prend le temps de couper la distance à nos à priori dans un récit remarquable. Félix Ravenelle-Arcouette est invité à Mission encre noire. Extrait: « Carignan jette la cigarette à moitié fumée, passe entre ses collègues en les saluant d'un signe de tête et retourne à l'intérieur. Si le lieutenant-détective encore quelques mois devant lui pour manoeuvrer en vue du mandat élargi, il a tout de même hérité de la part ingrate de l'affaire. Sirotant son café dans son nouveau bureau, il fait défiler les pages du dossier d'une autre opération en territoire mohawk qui a eu lieu l'an dernier. Centrée grâce à lui sur les motards blancs de Kahnawake - déjà remplacés par d'autres - l'opération du Module de lutte au crime organisé de la police de Montréal aura eu le mérite d'augmenter la transparence des collaborations. Depuis ce coup du SPVM, la SQ fait pâle figure et caresse donc le projet d'une vaste opération pour démanteler le réseau de la route 344. Ils ont les noms des producteurs et des acheteurs, l'adresse du bunker où les substances sont fabriquées, les points de débarquements des marchandises, les différents acheteurs du Québec, de l'Ontario et des États-Unis. Seul manque le mode opératoire.»

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Mission encre noire 08 février
Émission du 7 février 2023
Mission encre noire tome 37 Chapitre 402. Cocorico, les gars, faut qu’on se parle par Mickael Bergeron paru en 2023 aux éditions Somme Toute. Il est plus que temps de reconnaître que rien n’est figé dans une société, que les choses bougent, que les comportement évoluent. Qui aurait cru, il y a 20 ans, qu’un mouvement social sans précédent allait naître via, notamment, les réseaux sociaux. En effet, la première campagne hashtag Mee Too en 2017 a changé la donne. De Balance ton porc à #MoiAussi, ces campagnes ont révélé l’ampleur systémique de la violence commises à l’égard des femmes. Dans cet essai édifiant à plus d’un titre, Mickael Bergeron se propose d’abattre l’arbre qui cache a forêt, de débroussailler quelques clichés au passage et de pénétrer dans l’antre de la bête: la masculinité toxique. Il est temps en effet de nous prendre en charge, nous les hommes, de se dire ça suffit; changeons de disque. Osons enfin, nous parler des affaires qui dérangent : l’image de la virilité, la paternité, l’idéal masculin dans le sport ou dans les forces armées, les attentes dans les relations amoureuses ou dans la sexualité, dans les rôles professionnels ou sociaux, les sujets ne manquent pas. Loin d’être donneur de leçon, l’essayiste se met lui-même à nu, en multipliant les anecdotes personnelles et se garde bien de juger. Il est plus que temps de faire notre juste part aux côtés des féministes, qui elles, ne nous ont pas attendu pour s’affirmer. «Vous n’êtes pas tannés, les gars, de tout ce bordel» est-il écrit en préambule ? J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Mickael Bergeron.
60 min
Mission encre noire 01 février
Émission du 31 janvier 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 401. Le monde se repliera sur toi par Jean-Simon Desrochers paru en 2022 aux éditions Boréal. De prime abord, il serait possible de se demander comment lire ce monde pluriel qui se présente à nous. Comment se détacher du fil invisible qui relie les nombreux personnages pris individuellement, qui à force de rencontres, de coïncidences nous amènent à une lecture possible du monde d’aujourd’hui. Alors que Noémie, au sortir d’un mauvais rêve cherche encore ses mots et s’inquiète pour elle et sa fille, au chapitre suivant, celle-ci, à 12 ans, éconduit son premier amoureux, William, qui tente d’incarner un nouvel idéal de masculinité moins toxique. Au prochain chapitre, c'est sa professeure, Madame Claude qui en subira les conséquences. Elle découvre les rumeurs colportées à son sujet alors qu’elle apostrophe un idiot qui lui coupe la voie avec son VUS sur le pont en quittant Montréal, Pierre-Luc prendra toute une section de texte pour se venger...ainsi de suite. La galerie de portrait qui se déploie de Montréal à Tchernobyl, Paris, Philadelphie, Rio de Janeiro, Addis-Abeba, Christchurch et Chittorgarh, nous donne à lire les esquisses familières de trajectoires de vie qui sont autant d’étoiles filantes dans un ciel encombré et menaçant. L’auteur réussit le tour de force d’incarner plusieurs voix, plusieurs émotions, plusieurs destins de papier en mode mineur. Il en résulte un formidable casse-tête, à la mesure des moments de vie dérobés à la lucarne du monde en marche, nous offrant ainsi une profonde réflexion sur ce qui nous construit, sur les lieux qui nous habitent. Si le roman s’ouvre sur une mémoire qui flanche, il n’est pas garantie que le film réalisé avec un cellulaire au final y changera grand-chose. Le monde souffre d'un manque criant d'empathie. Il en meurt sans doute un peu chaque jour, à chaque chapitre ? D’ailleurs s’achève-t-il vraiment ce roman? J’accueille Jean-Simon Desrochers, ce soir, à Mission encre noire.
60 min
Mission encre noire 25 janvier
Émission du 24 janvier 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 400. Je vous présente mes meilleurs vœux pour cette année qui s’annonce. Une année que je vous souhaite riche en découvertes d’auteurices et d’œuvres inspirantes. Mission encre noire repart pour une saison d’hiver, la 400 ème pour être précis. Correlieu de Sébastien La Rocque paru en 2022 aux éditions du Cheval d’août ouvre le bal. Ce roman nous invite à rejoindre, la Vallée-du-Richelieu, près de l’atelier du célèbre peintre du Mont-Saint-Hilaire Ozias Leduc,et plus particulièrement dans celui de Guillaume Borduas, un vieil ébéniste approchant les 70 ans. Formé à la vieille école, il accepte, malgré ses vieux principes, de recevoir en stage, Florence, qui veut reprendre le métier après avoir subi un accident de travail. Recommandé par la CSST, elle doit faire ses preuves, ce retour aux machines est progressif, après avoir été touché par une lame rendu folle dingue à plus de quatre mille tours par minute. Même s’il a toujours travaillé seul, elle le rejoint dans le silence d’un matin blafard au milieu des grésillements d’un vieux poste de radio et l’odeur des planches brutes de pin, de chêne rouge, de peuplier, d’érable ou de merisier. Comme chaque vendredi, elle devra faire la connaissance et refaire le monde avec les vieux mononcles, fidèles en amitié, de Guillaume, et grands consommateurs de caisses de bière. C’est dans le miracle de cet atelier et de ses correspondances sensorielles que Florence s’invite à découvrir un monde éternel, qui se meurt, fait de gestes communs à apprendre, à harmoniser son souffle au rythme d’une respiration à contre-temps d’une époque à bout-de souffle. Avons-nous affaire à de la nostalgie ou à une volonté de vivre autrement, sans faire trop de concession à une modernité dévorante ? Toujours est-il que l’écho de 2012 et du printemps érable s’immisce parfois entre les ramures du Mont-Saint-Hilaire et les odeurs de gasoil de motorisés gigantesques en balades. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Sébastien La Rocque.
60 min
Mission encre noire 21 décembre
Émission du 20 décembre 2022
Mission encre noire Tome 36 Chapitre 399. La faute à Pablo Escobar par Jean-Michel Leprince avec une préface de Bernard Derome, paru aux éditions Leméac. Bogotà la mal encarada des villes sud-américaine se trouve en haut d'un plateau andin. Le restaurant de l'hôtel Tequendama, où Jean-Michel Leprince a pris ses habitudes, a volé en éclats, sous une bombe des FARCS. en 2002. Si comme le souligne l’ex-présentateur de nouvelles, chef d’antenne et animateur de télévision Bernard Derome, La Colombie est le deuxième pays le plus riche de la planète en matière de biodiversité, elle est aussi l’un des pays les plus inégalitaire et violent. Tout commence, pour Jean-Michel Leprince, sous les bruits d’hélicoptères, de ceux qui tentent d’arracher des dizaine de personnes à la boue meurtrière qui a englouti la petite ville d’Armero due à l’éruption du volcan andin Nevado del Ruiz le 16 novembre 1985. Armero représente un baptême du feu grave pour le reporter spécialisé en politique étrangère et en défense nationale au Parlement d’Ottawa pour la télévision nationale de la Société Radio-Canada. La Colombie et l’Amérique latine vont devenir pour lui, depuis 37 ans maintenant, le lieu de découvertes et d’aventures inédites. Car voilà, ce pays, non seulement, reste un des rare en Amérique latine à avoir presque toujours connu une gouvernance démocratique, mais il s’est également construit sur la violence, le narcotrafic et la corruption. Un nom revient sur toute les lèvres, bien sûr, Pablo escobar ; une ville aussi, Medellin, qui battait les records du monde de meurtres sous son règne. Les écrits restent, dit-on, voici le livre d’une vie, la somme de plusieurs reportages, d’entrevues de terrain, publiés ici, contextualisés, dans le but de témoigner le plus précisément possible d'un mythe, de l'influence d'un homme sur un pays tout entier voire au-delà. Le journaliste grand-reporter nous offre un récit palpitant qui nous fait fréquenter les bas-fonds du crime organisé à l’échelle continental. J'accueille, ce soir, à Mission encre noire, Jean-Michel Leprince.
60 min
Mission encre noire 14 décembre
Émission du 13 décembre 2022
Mission encre noire Tome 36 Chapitre 398. Von Westmount par Jules Clara paru en 2022 au éditions La mèche. Aline pointe en direction de la fenêtre, elle glisse le doigt vers le Saint-Laurent. Pour le reste, la vue est magnifique, ce versant de la montagne cachera néanmoins, toujours le quartier de sa famille. Elle se souvient, il y a un an déjà, comme chaque matin, sous un ciel gris du mois de décembre par – 24, elle embarquait pour ses quinze minutes d’autobus obligatoire. Elle appréhendait de commencer un nouvel emploi, dans un kiosque du marché de noël du centre-ville de Montréal, pour servir du vin chaud. Il lui fallait être aimable, dire merci/thank you plusieurs fois par jour à des touristes plus ou moins agréables, en espérant un pourboire improbable. Sourire et répondre parfait! à un chef d’équipe autoritaire et escroc étaient de rigueur. Il fallait bien payer les factures, le loyer et penser à son futur. Précisément son avenir immédiat étaient sombre, sa relation amoureuse avec James battait de l’aile et l'ambiance familiale ne valait guère mieux. Grâce à son amie Jasmine, elle travaille désormais pour une richissime famille russe, les Von Westmount, de leur vrai nom les Kroubetzkoy, pour s'occuper de leurs enfants, Alexander, Nikolas et la terrible Clémentine. L’autrice profite allègrement de ce portrait moderne d’une jeune femme ambitieuse chez les riches, pour inciser le canevas de nos soumissions quotidiennes si nécessaire au maintien d’une société inégalitaire. Ce n’est pas parce que la plume espiègle de l’autrice s’amuse à nous jouer des tours, à braquer la langue de Shakespeare, ou que le récit s’agite dans tous les sens, en territoire bourgeois, que nous ne sommes pas au centre du récit. Chacun.e en prend pour son grade. La rage couve, les murs de Wesmount tremblent, le feu menace au loin, l’autrice nous invite au pire, un verre de champagne à la main, le vin du diable. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Jules Clara.
60 min