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Mission encre noire

Émission du 2 juillet 2019

Mission encre noire Tome 26 Chapitre 313. L'enlèvement de Damien Blass à paraître le 07 Août 2019 aux éditions Triptyque dans la collection satellite. Le visage d"André Lépine se reflète dans le miroir de la pharmacie de la salle de bain familiale située dans une agglomération morne de banlieue québécoise. Irrésistiblement son regard est happé par une lueur qui illumine un étroit passage. Osera-t-il la suivre ? De lourds nuages s'amoncellent autour de cette famille reconstituée, en route vers le sanctuaire de l'Église du souffle. André est accueilli par de jeunes chrétiens au ministère pour les adolescents. Alors que le générique de fin d'une vidéo sur les extraterrestres défile, l'attention d'André se détourne des ferveurs de la prière, son estomac contracté. Des enlèvements se produisent dans la communauté, des adolescents sont emportés par des «anges». Roman apocalyptique, conte fantastique, Sci-fi born again, rituels évangéliques, mythes ufologiques, ce premier roman, très réussi, est un miroir révélateur des peurs ancestrales qui peuplent notre imaginaire et celui de l'auteur. Je vous invite à réveiller la magie de l'enfant qui dort en vous, ce soir, j'accueille Damien Blass à Mission encre noire. Extrait: « André retourna le cadeau entre ses doigts. La couverture en cuir brun était de bonne qualité. le marque page avait été placé au début du livre d'Ézéchiel. « ne lis pas tout de suite. Attends que je sois parti.» « Vous croyez vraiment que j'ai été enlevé par les anges ? » « Je ne sais pas si c'était des anges, mais je sais que tu as été enlevé. Quand ma fille est tombée malade, j'ai tellement prié que je n'avais plus d'espoir. J'ai cru que j'allais perdre la foi. C'est alors qu'ils sont arrivés avec une solution. Ils nous ont proposé un pacte. Je n'ai jamais hésité, tu sais. Je leur ai donné Dorothée pour la sauver.» David Salomon retroussa la jambe de son pantalon pour lui dévoiler sa jambe. Ils comparèrent leurs cicatrices: c'était la même. » Le truc de l'oncle Henry par Alain Gagnon réédité en 2019 aux éditions Alias dans la collection Hors cadre. Alain Gagnon est décédé en 2017, son oeuvre possède une large bibliographie, une quarantaine d'ouvrages. Dans un prologue signé par son ami Yvon Paré, l'auteur a travaillé à rebaptiser son bout de pays. Il crée, pour cela, un territoire, l'Euxémie et des personnages récurrents dont Olaf Bégon, chef de la sûreté municipale de saint-Euxème, petit village exilé au milieu des murmures de la forêt. Des disparitions suspectes, des morts, et des attaques sauvages contre les travailleurs autour de la construction d'un barrage dans la gorge des Conscrits sème la panique. Un endroit connu depuis longtemps dans les légendes des amérindiens. et qu'eux-même jugent maudit. Olaf Bégon redoute le pire. Vous qui aimez l'univers décalé de Stephen King, les péripéties tumultueuses de Ville-Dieu de François Barcelo ou l'environnement des forêts obscures et menaçantes chez Andrée A. Michaud, Le truc de l'oncle henry, va vous surprendre. Cette réédition devrait charmer un nouveau public et devenir, qui sait, une référence culte SF, ici, au Québec. Extrait: « Elle n'était ni folle ni hallucinée. La vidéo montrait et, surtout, laissait entendre...Ces sons horribles. De bêtes. De bêtes. De bêtes presque humaines. « J'ai entendu bien des histoires, des légendes, a commencé Olaf. La forêt qui encercle la ville, vous savez, si vous vous y perdez et si vous avez assez d'énergie, vous pouvez vous ramasser au pôle Nord. C'est vous dire comme c'est vaste et plein d'inconnu. Les Amérindiens, ils faisaient comme nous, ils longeaient les rives. Les rivières, c'étaient leurs chemins qui marchent. Il y a des milliers de kilomètres carrés où l'humain n'a jamais mis le pied. Alors les histoires, les légendes ont tout le territoire qu'il faut...» Anatomie de l'horreur de Stephen King réédité en 2018 aux éditions Albin Michel.« Étranger, pénètre ici à tes risques et périls: en ce lieu sont des tigres.» Ce sont par ces mots dédiés à six maîtres du macabre, malheureusement décédés aujourd'hui, que s'ouvre ce livre culte qui dessine les grandes lignes d'un univers envoûtant. Anatomie de l'horreur, publiée en français en 1995, est ici augmentée  de deux préfaces et de nombreuses références rassemblées dans un appendice très complet en fin d'ouvrage. L'auteur est pointilleux et documentés. Stephen King est intarissable, dans un style direct, un brin cynique, qu'on lui connaît bien. On peut facilement lui pardonner, autant l'horreur, au même titre que le fantastique ou le polar partagent encore trop souvent, à tort, une mauvaise réputation de sous-genre. Stephen King vous permet d'explorer les dessous d'une littérature qui a une formidable capacité d'invention. Il nous entraîne, au gré de son histoire, à redécouvrir des oeuvres majeures et autres cauchemars qui attendent de vous assaillir, tapis au coin des pages de cet essai. En maître des lieux, l'auteur américain, vous ouvre une porte, forcément grinçante, sur sa collection personnelle de références en tout genre. Les pages du livre auront la manie de se tourner toutes seules sous votre regard incrédule, sachez que le caractère horrible du propos est désamorcé par une bonne dose d'humour: l'horreur, suggère, c"est vous-même, qui l'a complété. Extrait: « Psychose n'a jamais été diffusé à la télé à une heure de grande écoute, mais si on en ôtait les quarante-cinq secondes que dure cette scène, ce film pourrait passer pour un téléfilm (en termes de contenu, bien entendu ; son style le hausse à cent coudées au-dessus du téléfilm moyen). En fait, Hitchcock nous sert une bonne tranche de viande alors que son film a à peine entamé son deuxième quart. Ensuite, nous n'avons plus droit qu'au fumet. Et si on le prive de ces quarante-cinq secondes cruciales, le film devient complètement banal. en dépit de sa réputation, Psychose est une oeuvre d'une retenue admirable ; Hitchcock a même décidé de tourner son film en noir et blanc afin que le sang aperçu lors de la scène de la douche ne ressemble pas à du sang, et à croire une rumeur - presque certainement apocryphe -, il avait envisagé de le tourner en couleurs...à l'exception de cette fameuse scène, qui aurait été filmée en noir et blanc.»

Feuille de route

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Mission encre noire 25 avril
Émission du 25 avril 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 407. Loger à la même adresse, conjuguer nos forces face à la crise du logement, l’isolement et la pauvreté par Gabrielle Anctil paru en 2023 aux éditions XYZ dans la collection Réparation. Plus de 80% de la population canadienne vit en ville selon statistique Canada en 2018, de 2001 à 2021. Le nombre de ménage composé de colocataires a augmenté de 54%, et en 2018 toujours, la Journée des communautés intentionnelles a accueilli près de 200 participant.es à Montréal. Si cette tendance coïncide avec le besoin de se loger pour moins cher devant l’augmentation abusive des loyers dans la métropole, elle révèle aussi le désir de s'offrir une autre manière de vivre. Au Québec, les nombreuses Premières Nations au pays ont vécu en communauté depuis la nuit des temps, la province possède également une longue histoire de collaboration à travers le tissu riche et variés de ses coopératives. Gabrielle Anctil vit depuis 14 ans dans une communauté intentionnelle nommé La cafétéria. Nourriture partagée, dépenses amorties en groupe, des corvées aux six semaines, des préparations de soupers collectifs deux fois par semaine font partie de sa routine de vie en communauté intentionnelle dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Ce premier essai, affublé d’une clinquante couverture orangée, se veut autant un témoignage de première main qu’une boite à outil pour celles et ceux qui rêvent de vivre autrement, et qui désirent de changer radicalement de mode de vie. Comme le dit si bien l’écrivain de science fiction Alain Damasio, au lieu de rêver du grand soir, mieux vaut savoir bifurquer. Une attitude qui ouvre vers d’autres possibles collectifs, car une communauté intentionnelle s’est également envisager une autre façon de vivre socialement et politiquement ensemble. Je reçois, ce soir, à Mission encre noire, Gabrielle Anctil.
60 min
Mission encre noire 28 mars
Émission du 28 mars 2023
Mission encre noire Tome 37 chapitre 406. Jour encore, nuit à nouveau par Tristan Saule paru en 2023 aux éditions Le Quartanier dans la collection Parallèle Noir. Loïc ne sort plus de chez lui. Il scrute la place carrée par la lunette de sa carabine tchèque de calibre. 22. L'oeil collé au viseur, il observe la France déconfinée en mai 2020. Cela fait un an que Loïc n’a pas mis un pied dehors. Il voit bien la grande esplanade depuis son troisième étage du bâtiment B. Il n’en peut plus de se savoir menacé par le virus, les vaccins, les femmes, l’usine de métallurgie qui l’emploie. Heureusement il y a encore Nini, sa sœur qui est DRH chez Lapeyre, le spécialiste en menuiserie, elle lui fait ses courses. Sans oublier, Elora Silva, un des rares lien avec l’extérieur qui lui reste. Avec peut-être aussi quelques séances avec l’atelier de théâtre du quartier auquel il s’est inscrit. Il y retrouve Zineb et son délicat visage cerné par son hijab qu'il aime tant. Il va peu à peu perdre pied, être licencier, se couper de ses proches, entendre des voix, celles des personnages beckettiens de la pièce de théâtre qu’il écrit pour l’atelier, Clic et Cloque. Alors, il promène sa lunette de fusil vers la place, elle pointe vers son avenir, il a les larmes aux yeux. Roman sur la solitude, l’isolement, la difficulté de vivre le confinement, ce nouveau chapitre des Chroniques de la place carrée évoque le moisissement intérieur d’un homme et d’un monde ébranlé par la pandémie. Ce regard paranoïaque et menaçant qui balaie la place carrée se révèle un portrait frontal d’une France malade, qui a perdu ses repères. Nous embarquons ce soir pour ce thriller psychologique hypnotique en compagnie de Tristan Saule qui est notre invité à Mission encre noire.
60 min
Mission encre noire 14 mars
Émission du 14 mars 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 405. Cet exécrable corps, dissection de la grossophobie internalisée par Eli San paru en 2023 aux éditions Remue-ménage avec des illustrations de l’autrice. Si «ce corps me pousse à hurler», ce sont les premiers mots du texte, il permet aussi d’écrire sur la grossophobie ambiante. Il faut du cran lorsqu’on a mal à la peau, lorsque votre propre organisme vous dégoûte, lorsque votre morphologie devient une véritable prison, pour prendre la plume pour creuser plus profond. Tout en étant admiratrice de leur audace, et de la détermination du collectif, l’autrice avoue avoir de la difficulté à adhérer complètement au mouvement body positive, bien malgré elle. Aucune animosité à cela, de sa part, Eli San partage le même constat, les grosses personnes font l’objet d’une stigmatisation sociale omniprésente. La militante féministe et bibliothécaire montréalaise se met à nu, dans son intimité, dans son quotidien. Si personne n'ose vraiment le faire, l'autrice se réapproprie un champ d’expression de soi, au risque de déplaire. Parler de ses inconforts, des difficultés rencontrées dans sa vie amoureuses, de s’habiller à son goût, de monter des escaliers, bref, que ce soit dans la désinvolture ou l'aveu de faiblesse, Eli San est loin de vouloir se décourager, ni loin de vouloir blesser qui que ce soit. Ses confidences font mouche. Justement, parce que l’autrice s’y révèle vulnérable.Et dans ce miroir d’elle-même qu’elle nous tend, de toute cette haine de soi qui refait surface assurément, elle déclare la guerre aux préjugés: c’est le travail d’une vie. Pour en finir de vivre dans l’invisibilité j’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Eli San.
60 min
Mission encre noire 01 mars
Émission du 28 février 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 403. Cher Connard par Virginie Despentes paru en 2022 aux éditions Grasset. Oscar Jayack, un modeste romancier, ne pensait pas vraiment être lu par Rebecca Latté, une star de cinéma en fin de carrière, lorsqu’il publie un texte abjecte, sur Instagram. Et pourtant, sa réponse sous la forme d’une correspondance sera cinglante : Cher connard. Effacer sa publication n'y suffira pas, il lui admet son erreur. Elle n’a que faire de ses excuses mielleuses. Élevé dans les mêmes quartiers, être le frère de la meilleure amie de Rebecca dans les années 80, Corinne, n'y changera rien. Il a eu tort. Néanmoins, le dialogue va peu à peu s’instaurer. Ils ont en commun d’avoir grandi dans des banlieues ouvrières dont tout le monde se fout. Dans ce roman épistolaire, se dessine en creux un portrait accrocheur de deux solitudes, celui d’une génération engluée dans l’héritage patriarcal des années post-soixante-huitardes. Chacun.e englué.e dans diverses dépendances à l'alcool et aux drogues, se prennent le mouvement MeToo de plein fouet. «La vengeance des pétasses» comme le dit Oscar, contre le fameux mâle blanc. Alors que Zoé Katana, une ancienne attachée de presse d’édition le dénonce à son tour dans son blogue féministe radical, Oscar montre un autre visage. Et puis il y aura la COVID. Le confinement fait déambuler Rebecca et Virginie Despentes dans les rues vides d’un Paris qui a disparu. Cette ville, qu’elles connaissent si bien, n’est plus. Virginie Despentes se livre plus que jamais ici sur ses amours et ses intoxications aux drogues. Il est toujours grisant de retrouver ce ton si particulier, un mélange d'esprit contestataire et de regard critique sur notre époque porté par une voix badass. À celles et ceux qui la trouve radicale, elle rétorque : «la féminité est une prison et on en prend pour perpet.» Si Cher connard peu paraître un roman de la réconciliation, ne soyez pas dupes. Ce livre est une maison, celle de toutes les féministes, une décharge avec des rats et d’autres mauvaises filles. Punk as always, Cher Connard par Virginie Despentes paru en 2022 aux éditions Grasset.
60 min
Mission encre noire 15 février
Émission du 14 février 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 403. Mon fils ne revint que sept jours par David Clerson paru en 2023 aux éditions Héliotrope. Fin juin, ce matin là, une mère retrouve son fils qu’elle n’a pas vu depuis dix ans, au chalet familial en Mauricie, situé en pleine forêt. Elle y vit seule depuis sa retraite, ne recevant que de rares visites. Une fois passée la surprise, elle reconnaît son Mathias, devant sa porte, même s’il est devenu un homme plus grand que dans ses souvenirs. Tandis qu’ils marchent vers une tourbière, un lieu de refuge depuis l’enfance, Il va lui raconter sa vie d’errance. Une obsession l'accable sans cesse. L’idée persistante qu’une matière blanchâtre lui occupe le crâne et coule dans son corps, comme si elle voulait l’étouffer. Incapable de trouver sa place dans un monde qui s'agglomère en une gigantesque banlieue, il ne pense encore qu'à fuir. Pour sa mère, les journées sont belles en sa présence, malgré ce regard envoûtant de tourbière, qui parfois l'effraie. Comme la plupart de ses romans précédent, on retrouve chez l’auteur cette part d’étrangeté, de répétitions, de cycles où se combine un étrange cocktail de monstruosité, d’hallucination, d’égarement et de névrose qui plonge inlassablement le lectorat dans le doute et la curiosité. Je vous invite, ce soir, à glisser entre les branches, dans le chant assourdissant des rainettes et celui plus lourd des ouaouarons, je reçois David Clerson, à Mission encre noire.
60 min