Nouveau v379
Mission encre noire

Émission du 21 septembre 2021

Mission encre noire Tome 32 Chapitre 363. Sadie X de Clara Dupuis-Morency paru en septembre 2021 aux éditions Héliotrope. Nous entamons cette nouvelle saison 2021 en compagnie de Clara Dupuis-Morency dont le premier livre, Mère d’invention (2018), a été finaliste du Prix des libraires. Sadie est chercheure dans un laboratoire de Marseille. La rencontre avec le professeur Régnier lui permet de découvrir le monde du minuscule, les virus. Quand il découvre un nouveau spécimen de virus géant, quelque chose qui ne ressemble à rien ailleurs dans le monde, Règnier le déclare forcément monstrueux. Il le nomme Pandoravirus. Assidue sur ses microscope le jour, elle se vide le corps et l'esprit au Scum, le bar de Veronica, au son des playlistes de Molly. Or cette forme qui jaillit de nulle-part, jette un clair-obscur sur la vie elle-même de Sadie, qui n’est pas sans conséquences. Elle se laisse contaminer par l’idée du désapprentissage, à comprendre comme l’unique moyen envisageable pour aborder ce qui échappe à la compréhension humaine. Quand le hasard de la Science fusionne avec la vie intime, un cocktail qui ébranle nos convictions en résulte. Miroir du mythe de la Belle & la Bête ? Je vous propose de nous pencher au-dessus du microscope tendu par l’autrice, ce soir, à Mission encre noire, j’accueille Clara Dupuis-Morency. Extrait:« Chaque fois, c’est la même chose, elle se donne un mal de dos terrible à rester penchée des heures sur le spectacle de la métamorphose, tendue, toute, vers l’inattendu. Elle pourrait bien s’épargner les vertèbres, contempler le processus sur l’écran de l’ordinateur, qui relaie sagement l’image, mais elle n’y peut rien, ça fait partie de son rituel. Prendre part au cycle d’infection d’un nouveau virus, c’est comme assister à la naissance d’un enfant, sans le malaise qui s’ensuit, de savoir qu’on a mis un autre être humain au monde. Chaque fois, elle ressort de ça dans un état misérable, incapable de se déplier, recroquevillée comme une vieille avec une mauvaise scoliose, il n’est pas rare qu’elle doive prendre une canne pour marcher pendant des jours, après, c’est comme si elle était restée là des années, à se ratatiner la colonne, comme si la tension concentrée par l’excitation lui avait coûté des décennies de bonne santé. Et c’est peut-être ce qui se passe, en réalité, elle vit au rythme accéléré du virus, qui complète un cycle de vie toutes les douze heures en moyenne, parce que c’est bien un cycle de vie, qui se déplie alors sous ses yeux. C’est à la vie du virus qu’elle prend part, comme observatrice émerveillée. Et cette vie ne se réduit pas à la boîte visible du virus. Le virus est l’ensemble des phénomènes qui se produisent dans l’infection. Le virus n’est pas la bombe, c’est l’explosion de vie qui éclate les limites de l’individuel. Dans cette transformation, la vie infectieuse transforme les notions dont Sadie a hérité pour cerner le phénomène du vivant. Le virus n’est pas la boîte.» L’engagement pousse là où on le sème, le Carré Casgrain, de jardin ouvert à collectif citoyen. Un ouvrage collectif de Françoise Montambeault, Laurence Bherer et Geneviève Cloutier avec des illustrations d’Emanuelle Dufour paru en 2021 aux éditions Écosociété. Fabien C., Hélène, Claude, Fabien P., Alex, Hélia, Camille et les autres ne se doutaient pas que l'aventure du collectif du Carré Casgrain les mèneraient à la publication d'un livre. Des premiers balbutiements du projet à aujourd'hui, les autrices rassemblent une mine d’information sur une période de trois ans. Cet ouvrage devient, alors, un véritable docu fiction qui regorge de superbes illustrations, de rebondissements en tout genre, d’histoires d’amitiés, de rencontres multiples, et tout cela si près de chez vous. Vous qui rêvez de sortir des sentiers battus, de vivre la grande aventure de l’engagement citoyen, je vous propose de rencontrer ce soir à Mission encre noire deux des autrices Françoise Montambeault et Geneviève Cloutier, ainsi qu’Hélène, une des membre du collectif, porte parole informelle du collectif du Carré Casgrain. Extrait:« En tant que 'patenteux' en chef, Claude joue également un rôle pivot. Des rencontres se tiennent dans son sous-sol, qui contient les outils dont rêve tout bricoleur et qui est le parfait endroit pour entreprendre de petits chantiers de réparation ou pour démarrer les semis lorsque la saison est encore froide. Sa cour arrière sert également d'entrepôt et de point de rencontre. Comme Claude habite le quartier depuis longtemps, il agit comme intermédiaire auprès des voisins qui désirent aider le Carré. Enfin, puisqu'il est le seul du groupe à posséder une voiture, il s'occupe bien souvent de faire les courses. ' Moi, je ne suis pas Facebook, alors c'est sûr que je ne pose rien sur Facebook. Puis je ne suis pas capable non plus de lire ce qu'il y a là dessus. Je marche par courriel. Mais ce n'est pas pratique parce que certains ne lisent pas leurs courriels. C'est sûr que c'est un petit peu bancal comme structure, mais il y a quand même une base qui a fait en sorte que ça a fonctionné tout l'été. Mais c'est très informel. - Claude.»  Lien facebook Le carré et sa ruelle : https://www.facebook.com/lecarreetsaruelle

Feuille de route

Tous les épisodes

Mission encre noire 27 juin
Émission du 27 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 412. Troubles, nos ombres un collectif dirigé par Jennifer Bélanger paru en 2023 aux éditions Triptyque dans la collection Queer. La colère ne se tarit pas dixit l’autrice. De l’élaboration de ce projet à l’été 2020, à son achèvement en 2022, Safia Nolin deviendra la bête noire des réseaux sociaux malgré son récit d’agressions subies de la part de Maripier Morin, la montée de la droite aux États-Unis et celles des conservatismes en général dans le monde, dès lors menace les droits fondamentaux des personnes minorisées. Les textes réunis ici par Jennifer Bélanger offre un espace sécuritaire à 11 artistes non seulement pour témoigner de l’urgence de dire les dangers qui guettent les personnes LGBTQ2IA+, mais également pour nous partager des récits de vie poignants. Qu’il s’agisse d’amitié, de rapports amoureux, de désirs, de colère, de résistance, Étienne Bergeron, Julie Bosman, Marilou Craft, Nicholas Dawson, Martine Delvaux, Sandrine Galand, Maude Lafleur, Mael Maréchal, Roxane Nadeau, Mélanie O’Bomsawin et Justina Uribe se réunissent sous l’ombre lumineuse et créatrice de Jennifer Bélanger, qui est mon invité, ce soir, à Mission encre noire.
60 min
Mission encre noire 06 juin
Émission du 6 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 411. Mise en forme par Mikella Nicol paru en 2023 aux éditions Le Cheval D’août. À la suite d’une rupture amoureuse encore fraîche et de l’aménagement en catastrophe chez un ami, la narratrice se jette à corps perdu dans l’entraînement physique. Malgré que son corps deviennent de plus en plus performant, la dépression gagne du terrain, il y a toujours quelque chose qui cloche. Ce qui s’impose très vite comme la seule activité encore valable à ses yeux va devenir un sujet de réflexion tenace. Et si, en dépit des injonctions bénéfiques assénées par les vidéos de fitness, les programmes de remises en forme n’étaient que la partie émergée d’une problématique plus vaste. Pour l’autrice l’idée jaillit en croisant un inconnu malveillant dans la rue. Le lien qui unit violence et beauté ne fait plus aucun doute. Ou comment l’industrie du fitness, entre autre, confirme la main mise d'une esthétique patriarcale, coloniale et fossile, sur le discours ambiant, dixit Paul B. Preciado. On peut se demander, ici, comment un tel système, qui vise la soumission collective totale des corps, se met-il en place ? Les femmes en particulier, tels des objets inoffensifs, se doivent de collaborer, bien entendu, à leur corps défendant, à des modèles hétérosexuels astreignants. Ce livre à mi-chemin de l’essai et du récit autobiographique laisse libre court à une parole qui refuse de rentrer dans le moule. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Mikella Nicol.
60 min
Mission encre noire 23 mai
Émission du 23 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 410. Daniel Grenier Héroïnes et tombeaux paru en 2023 aux éditions Héliotrope. Alexandra Pearson, originaire du Tennessee, lit le New York Times dans cette ville secondaire brésilienne à l’ouest de Porto Alegre : Uruguaiana. Aujourd’hui journaliste, la jeune femme qui avait cheminé aux côté de Françoise dans le roman précédent de l’auteur, part à la recherche, cent ans plus tard, d’un étrange personnage, Ambrose Bierce, auteur du Dictionnaire du diable. Il serait mort fusillé en 1915 au Mexique et réapparu, bien vivant, à des milliers de kilomètres plus loin. Pour cela, elle devra mettre la main sur un manuscrit inédit. Pendant ce temps, comme l’annonce le journal, une certaine Helen Klaben décède à l’âge de 76 ans. Autrefois, elle a fait la Une du Life magazine, le 12 avril 1963, après avoir survécu 49 jours dans le froid du Yukon suite au crash de leur avion le 3 février 1963. Étrange coïncidence, ce nom, lui semble familier. Il lui remémore un souvenir amer, celui de Françoise, cette fille à qui elle n’a fait que mentir. À l’époque elle se faisait appeler Samantha. Dans ce troisième livre qui se veut un hommage à Ernesto Sabato, l’auteur nous entraîne dans un étrange roman d’aventures dans lequel il explore une fois encore le territoire américain et il s’interroge sur la responsabilité de celui qui raconte les histoires des autres. Sur un air de Carioca, j’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Daniel Grenier.
60 min
Mission encre noire 16 mai
Émission du 16 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 409. Exercices de joie par Louise Dupré paru en 2023 aux éditions du Noroît. Dernier fascicule du triptyque traitant des possibilités du poétique face à l’horreur et à la détresse entamé avec Plus haut que les flammes en 2010 puis La main hantée en 2016, Exercices de joie présente la poète fébrile, les côtes friables, hantée par des rêves qui la réveillent la nuit. Toutefois Louise Dupré n'abdique pas pour autant. Elle revendique le désir de se tenir debout devant un paysage en ruines quitte à s'accrocher à ses mots comme à une bouée. Car, s'il est peut-être vain de vouloir comprendre l’envers du monde quand le temps fuit entre nos doigts, pourquoi ne pas apprivoiser les douleurs, en oublier la piqûre de l’aiguille. L’écriture, telle une veine fragile qui palpite encore, se mue en écorce revêche, pour combattre en prose et en vers. Si la suie de Birkenau ou de Auschwitz la poursuit encore, si l’ombre de la main coupable du second recueil habite encore les pages, les poèmes explorent ici une autre voie, plus apaisée. Celle de la douceur, celle de la joie, que l'autrice défini comme cet instant précieux et rare ou le cœur module ses élans. Il est du devoir de la poète de donner à voir cette faible clarté bienveillante qui conduit sa main. Certes, le cercle des poètes disparus s’agrandit un peu plus chaque jour, le monde chancelle ; non, elle ne vacillera pas ; l’autrice appartient à la généalogie des femmes qui n’ont jamais renoncé. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Louise Dupré.
60 min
Mission encre noire 02 mai
Émission du 2 mai 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 408. Le plein d’ordinaire par Étienne Tremblay paru en 2023 aux éditions Les Herbes Rouges. Asti qu’était belle! se dit Mathieu alors qu'il entre dans le Pétro sur le boulevard qui mène vers Longueuil, proche de l’usine Weston. Elle, c’est Val, sa future collègue que l’adolescent de Boucherville va chercher désespérément à séduire. Le futur cégépien est persuadé d’être promis à un grand destin de poète, cela sera-t-il suffisant pour elle? En attendant, il travaille de nuit dans une station-service à distance de vélo de chez lui. Une job parfaite qui lui permet de lire à sa guise, de consommer ses trois gammes de pot, de voler des cigarettes et de manger à volonté. Mathieu illustre à merveille la chronique ordinaire d’un ados de banlieue des années 2000. Une jeunesse qui se mélange, qui se passionne, qui se voit un avenir exceptionnel, qui rêve la vie en grand plutôt qu’à travers le miroir aveugle de l’écran noir d’un cellulaire. Mathieu n’a rien de différent des autres, si ce n’est l’élan que lui procure une sensibilité exacerbée et un certain goût du risque. Des excès qui fatalement se fracasseront contre le mur des réalités. Voici un roman initiatique qui relate l’aventure épisodique, très attachante, d’un jeune homme en quête de lui-même, pris au centre de son univers sensible, près à devenir un autre Mathieu, même s'il ne sait pas très bien encore à quoi cela ressemblera. J’accueille, ce soir à Mission encre noire, Étienne Tremblay.
60 min