Nouveau v379
Mission encre noire

Émission du 14 février 2017

Mission encre noire Tome 19 Chapitre 242 Dans les brumes du mal de René Manzor paru en 2017 aux éditions Calmann-Lévy. Le territoire des Basses Terres en Caroline du sud est en proie à la douleur, il est le théatre sanglant d'une série de meurtres non élucidés. Une mère est découverte affreusement torturée et mutilée, son corps est couvert d'étranges scarifications rituelles. Les enquêteurs déduisent que son fils a aussi disparu. Dahlia Rhymes, agent du FBI spécialisée dans les crimes rituels va prendre en charge cette enquête. Non seulement, s'agit-il de l'enlèvement de son neveu, mais encore, l'atmosphère lugubre des cérémonies sacrificielles qui entoure les meurtres lui rappelle les raisons pour lesquelles, elle refusait de remettre un jour les pieds dans sa région natale. René Manzor est l'invité de Mission encre noire pour nous en dire plus sur ce roman, et bien sûr nous raconter son passage du cinéma (Steven Spielberg, George Lucas, alain Delon, Vanessa Paradis, Jean Reno, Hollywood) à l'écriture de thrillers à succès. (Celui dont le nom n'est plus a reçu le prix du polar du festival de Cognac en 2014). Extrait:«La Cadillac bleu métal filait sur la route US17 en direction de St. Helena. Durant la première moitié du voyage, Dahlia et Luke n'vaient pas échangé un mot, comme si ce silence entre eux était le langage qu'ils maîtrisaient le mieux. Les Basses Terres qui défilaient tout autour n'avaient pas changé depuis leur enfance. Les vastes marais d'eau salée au parfum de spartines et de vase noire, les colverts gemmés d'émeraude et les grands hérons bleus guettant les douze fluctuations de marée, toute cette mémoire odorante du Sud les rapprochait plus qu'aucune parole prononcée.» Heimska (La stupidité) d'Eirikur Orn Norddahl paru en 2017 aux éditions Métailié. Dans un futur proche, la société islandaise bascule en plein chaos. Songez-y un instant ! Un système video surVeillance permet de se divertir de l'intimité totale et impudique de vos voisins à travers un réseau de webcams et d'images satellites, à priori impossible à déconnecter. Ajouter à cela un couple d'écrivains, séparés, qui ne vit que pour se harceler, un gang terroriste étrange qui s'inspire d'un de leur livre, plantez-y une panne majeure d'électricité suspecte, secouez le tout, qu'est-ce qu'il reste ? Un roman qui fait sensation et qui vous permettra sans doute de lever le pied sur vos connections en rafale sur votre réseau favori peut-être ? Extrait:«Ils appellent ça surVeillance tandis que nous parlons de mélodie du futur - dystopie ou probablement cauchemar - mais en réalité c'est un phénomène plutôt banal et il n'y a sans doute pas grand-chose à en dire. Les gens ne passaient tout de même pas leurs journées sans bouger à observer leur prochain. Ils avaient mieux à faire. Ils devaient s'occuper de leur foyer. Ils devaient travailler. Or, ça n'avait rien de distrayant de regarder les autres trimer - décortiquer des crevettes, vendre du poisson, encaisser des dettes, donner des médicaments ou changer des pneus Vesuvio flambant neufs. Et chacun gérait sans doute aussi ses publications sur Facebook. Bref, la pression ne pouvait pas être plus importante.» Le diable dans les détails de Leila Slimani paru en 2017 aux éditions de l'Aube. Ce recueil de six textes est le résultat de chroniques, de nouvelles, d'autofictions publiées de 2014 à 2016 pour l'hebdomadaire français le 1 sous la direction de l'écrivain Éric Fottorino. Leila Slimani a produit, dans l'urgence des événements survenus dans l'hexagone, des textes engagés, enragés et forts. Elle a pris la mesure de l'impératif à prendre la parole pour défendre un mode de vie devant l'invasion des barbares. Vous tenez ici, à mon avis, une démarche des plus saine qu'il soit: donner à lire sur l'ambiguité du monde avec détermination et style. Extrait:«Cette année, en Normandie, au milieu des rires et des discussions, je me suis demandé ce que ma génération allait être capable de faire de ce monde. Serons-nous à la hauteur de ceux qui se sont battus pour pouvoir fêter Noel ensemble? Saurons-nous nous définir par autre chose que nos dieux, nos origines? Faudra-t-il encore et toujours prouver nos allégeances?»

Feuille de route

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Mission encre noire 27 juin
Émission du 27 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 412. Troubles, nos ombres un collectif dirigé par Jennifer Bélanger paru en 2023 aux éditions Triptyque dans la collection Queer. La colère ne se tarit pas dixit l’autrice. De l’élaboration de ce projet à l’été 2020, à son achèvement en 2022, Safia Nolin deviendra la bête noire des réseaux sociaux malgré son récit d’agressions subies de la part de Maripier Morin, la montée de la droite aux États-Unis et celles des conservatismes en général dans le monde, dès lors menace les droits fondamentaux des personnes minorisées. Les textes réunis ici par Jennifer Bélanger offre un espace sécuritaire à 11 artistes non seulement pour témoigner de l’urgence de dire les dangers qui guettent les personnes LGBTQ2IA+, mais également pour nous partager des récits de vie poignants. Qu’il s’agisse d’amitié, de rapports amoureux, de désirs, de colère, de résistance, Étienne Bergeron, Julie Bosman, Marilou Craft, Nicholas Dawson, Martine Delvaux, Sandrine Galand, Maude Lafleur, Mael Maréchal, Roxane Nadeau, Mélanie O’Bomsawin et Justina Uribe se réunissent sous l’ombre lumineuse et créatrice de Jennifer Bélanger, qui est mon invité, ce soir, à Mission encre noire.
60 min
Mission encre noire 06 juin
Émission du 6 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 411. Mise en forme par Mikella Nicol paru en 2023 aux éditions Le Cheval D’août. À la suite d’une rupture amoureuse encore fraîche et de l’aménagement en catastrophe chez un ami, la narratrice se jette à corps perdu dans l’entraînement physique. Malgré que son corps deviennent de plus en plus performant, la dépression gagne du terrain, il y a toujours quelque chose qui cloche. Ce qui s’impose très vite comme la seule activité encore valable à ses yeux va devenir un sujet de réflexion tenace. Et si, en dépit des injonctions bénéfiques assénées par les vidéos de fitness, les programmes de remises en forme n’étaient que la partie émergée d’une problématique plus vaste. Pour l’autrice l’idée jaillit en croisant un inconnu malveillant dans la rue. Le lien qui unit violence et beauté ne fait plus aucun doute. Ou comment l’industrie du fitness, entre autre, confirme la main mise d'une esthétique patriarcale, coloniale et fossile, sur le discours ambiant, dixit Paul B. Preciado. On peut se demander, ici, comment un tel système, qui vise la soumission collective totale des corps, se met-il en place ? Les femmes en particulier, tels des objets inoffensifs, se doivent de collaborer, bien entendu, à leur corps défendant, à des modèles hétérosexuels astreignants. Ce livre à mi-chemin de l’essai et du récit autobiographique laisse libre court à une parole qui refuse de rentrer dans le moule. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Mikella Nicol.
60 min
Mission encre noire 23 mai
Émission du 23 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 410. Daniel Grenier Héroïnes et tombeaux paru en 2023 aux éditions Héliotrope. Alexandra Pearson, originaire du Tennessee, lit le New York Times dans cette ville secondaire brésilienne à l’ouest de Porto Alegre : Uruguaiana. Aujourd’hui journaliste, la jeune femme qui avait cheminé aux côté de Françoise dans le roman précédent de l’auteur, part à la recherche, cent ans plus tard, d’un étrange personnage, Ambrose Bierce, auteur du Dictionnaire du diable. Il serait mort fusillé en 1915 au Mexique et réapparu, bien vivant, à des milliers de kilomètres plus loin. Pour cela, elle devra mettre la main sur un manuscrit inédit. Pendant ce temps, comme l’annonce le journal, une certaine Helen Klaben décède à l’âge de 76 ans. Autrefois, elle a fait la Une du Life magazine, le 12 avril 1963, après avoir survécu 49 jours dans le froid du Yukon suite au crash de leur avion le 3 février 1963. Étrange coïncidence, ce nom, lui semble familier. Il lui remémore un souvenir amer, celui de Françoise, cette fille à qui elle n’a fait que mentir. À l’époque elle se faisait appeler Samantha. Dans ce troisième livre qui se veut un hommage à Ernesto Sabato, l’auteur nous entraîne dans un étrange roman d’aventures dans lequel il explore une fois encore le territoire américain et il s’interroge sur la responsabilité de celui qui raconte les histoires des autres. Sur un air de Carioca, j’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Daniel Grenier.
60 min
Mission encre noire 16 mai
Émission du 16 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 409. Exercices de joie par Louise Dupré paru en 2023 aux éditions du Noroît. Dernier fascicule du triptyque traitant des possibilités du poétique face à l’horreur et à la détresse entamé avec Plus haut que les flammes en 2010 puis La main hantée en 2016, Exercices de joie présente la poète fébrile, les côtes friables, hantée par des rêves qui la réveillent la nuit. Toutefois Louise Dupré n'abdique pas pour autant. Elle revendique le désir de se tenir debout devant un paysage en ruines quitte à s'accrocher à ses mots comme à une bouée. Car, s'il est peut-être vain de vouloir comprendre l’envers du monde quand le temps fuit entre nos doigts, pourquoi ne pas apprivoiser les douleurs, en oublier la piqûre de l’aiguille. L’écriture, telle une veine fragile qui palpite encore, se mue en écorce revêche, pour combattre en prose et en vers. Si la suie de Birkenau ou de Auschwitz la poursuit encore, si l’ombre de la main coupable du second recueil habite encore les pages, les poèmes explorent ici une autre voie, plus apaisée. Celle de la douceur, celle de la joie, que l'autrice défini comme cet instant précieux et rare ou le cœur module ses élans. Il est du devoir de la poète de donner à voir cette faible clarté bienveillante qui conduit sa main. Certes, le cercle des poètes disparus s’agrandit un peu plus chaque jour, le monde chancelle ; non, elle ne vacillera pas ; l’autrice appartient à la généalogie des femmes qui n’ont jamais renoncé. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Louise Dupré.
60 min
Mission encre noire 02 mai
Émission du 2 mai 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 408. Le plein d’ordinaire par Étienne Tremblay paru en 2023 aux éditions Les Herbes Rouges. Asti qu’était belle! se dit Mathieu alors qu'il entre dans le Pétro sur le boulevard qui mène vers Longueuil, proche de l’usine Weston. Elle, c’est Val, sa future collègue que l’adolescent de Boucherville va chercher désespérément à séduire. Le futur cégépien est persuadé d’être promis à un grand destin de poète, cela sera-t-il suffisant pour elle? En attendant, il travaille de nuit dans une station-service à distance de vélo de chez lui. Une job parfaite qui lui permet de lire à sa guise, de consommer ses trois gammes de pot, de voler des cigarettes et de manger à volonté. Mathieu illustre à merveille la chronique ordinaire d’un ados de banlieue des années 2000. Une jeunesse qui se mélange, qui se passionne, qui se voit un avenir exceptionnel, qui rêve la vie en grand plutôt qu’à travers le miroir aveugle de l’écran noir d’un cellulaire. Mathieu n’a rien de différent des autres, si ce n’est l’élan que lui procure une sensibilité exacerbée et un certain goût du risque. Des excès qui fatalement se fracasseront contre le mur des réalités. Voici un roman initiatique qui relate l’aventure épisodique, très attachante, d’un jeune homme en quête de lui-même, pris au centre de son univers sensible, près à devenir un autre Mathieu, même s'il ne sait pas très bien encore à quoi cela ressemblera. J’accueille, ce soir à Mission encre noire, Étienne Tremblay.
60 min