Nouveau v379
Mission encre noire

Émission du 26 mars 2019

Mission encre noire Tome 25 Chapitre 306. Le pourboire de Philippe Chagnon paru en 2019 aux éditions Triptyque Collection Encrages. Au moment où l'hiver semble ne plus vouloir se terminer, un narrateur, sa blonde et ses parents prennent un avion pour le Mexique. Alors qu'il goûte à l'accueil de l'hôtel Fiesta Americana Condesa, un «tout compris» sur le bord de l'eau, aux allures de complexe central du Parc Jurassique, une angoisse terrible le saisit: il a omis de laisser le pourboire de bienvenue. Au-delà du sentiment de culpabilité qui grandit en lui, c'est l'ensemble du séjour qui va brusquement changer de registre. Voici un petit bijou de roman, même si la banalité du propos peut interpeller, à priori, l'écriture sinueuse et limpide de l'auteur va transcender ce banal voyage en une succession de fausses pistes, toutes bonnes à prendre. L'écriture minimaliste ne vous épargnera aucun des détails du lieu, jusqu'à l'écoeurement. Et pourtant, Philippe Chagnon va vous faire goûter le sentiment de joie pure d'être en adéquation avec un monde si familier, si loin, si proche, qui vous fera, peut être frémir de plaisir ou de nausée. Il est notre invité à Mission encre noire. Extrait: «Environ trente minutes plus tard, on appelle enfin notre numéro de vol au micro. Nous prenons nos sacs et nous nous dirigeons vers la porte où il faut encore une fois présenter notre passeport et nos billets. La file est longue et nous avançons lentement. Je remarque que la majorité des gens qui étaient assis dans notre section sont maintenant debout, devant ou derrière nous. Après avoir présenté nos documents à un préposé, nous avançons dans un long corridor en accordéon qui rapetisse en largeur au fur et à mesure qu'on se rapproche de l'avion. Lorsque c'est à mon tour d'entrer, je dois encre présenter - eh oui ! - mon billet pour qu'on puisse m'indiquer que mon siège est quelque part vers la droite. Mes parents se dirigent du même côté que nous et nous nous souhaitons un bon voyage lorsqu'ils trouvent leurs sièges et qu'ils y prennent place. Sophie et moi continuons à descendre l'allée avant de nous arrêter environ huit rangées plus loin. Assis côte à côte, nous sommes heureux de constater qu'il n'y a personne d'attitré au siège libre qui donne sur l'allée.» Moebius 160 «Déposer ma langue sur un crochet, crier enfin: «je suis rentrée à la maison!». C'est la phrase thème de ce magnifique numéro 160 du magazine Moebius. La couverture cartonnée et colorée est l'oeuvre de Julie Delporte, qui, souvenez-vous, a publié sa lettre à Pattie O'Green dans le numéro 158 de la revue. Elle est l'artiste en résidence. Ce nouveau numéro est piloté par Jeannot Clair et Karianne Trudeau Beaunoyer. Pour celles et ceux qui n'ont pas eu la chance de découvrir Lucille de Pesloüan avec ses premiers textes parus dans le fanzine miniature Shushanna Bikini London, Cherry Bomb vous propose une collection de vignettes souvenirs dans un style très proche. Elle est l'autrice en résidence. Stéphane Martelly nous parle d'écriture, Catherine Mavrikakis s'adresse à Philippe Forest et rêve de ne pas pleurer en lui parlant. Vous découvrirez d'autres pépites inédites de Marise Belletête, Mahité Breton, Martina Chumova, Laurence Gagné, Martin Hervé, Louis-Philippe Labelle, Anthony Lacroix, Guylaine Massoutre, Francis Paradis, Diane-Ischa Ross, Kaliane Ung et Mathieu Villeneuve. Le numéro 160 est d'ors et déjà disponible en kiosque. Extrait: «J'ai essayé de m'entraîner à garder le silence. À ne plus me laisser aller en bavardages flasques et inutiles. À imposer une tenue digne à ma parole. Une belle colonne vertébrale bien droite. Du logique. Du lumineux, celui des ampoules halogènes éblouissantes. Du nettoyé de toute scories niaise. De la crête de montagne bien dessinée, proprement découpée par la bise du nord, avec un grand philosophe posté sur l'éperon le plus haut ; non pas de ces crêtes biscornues chiquées de lichens qu'on rencontre dans nos contrées sans hauteur. Oui, j'ai essayé de m'entraîner rigoureusement. Vous aurez déjà pu le constater: j'ai échoué.» Cadillac de Biz paru en 2018 aux éditions Leméac.Tout est histoire de filiation ici. La mort de son grand-père Théodule et la naissance à venir de son fils perturbe Derek. Lui qui aurait dû patiner sur la glace en LNH pour le compte des Red-Wings de Détroit, coule une vie paisible à vendre des caddies dans le West Island. Il décide de quitter ses chums de l'aréna Mont-Royal, sa blonde enceinte et sa concession Cadillac pour une escapade sur les traces de ses ancêtres pour se refaire une santé. Il décroche le dernier chandail du fond de sa garde robe, celui des Red Wings avec Lamothe dans le dos et file vers le Paris du Midwest: Détroit. Ce court roman d'à peine cent pages vous donnera certainement l'envie de prolonger le travail de l'auteur. Pour Biz, les québécois.e.s d'aujourd'hui portent en eux/elles, les victoires et les défaites de leurs ascendant.e.s, une identité façonnée par de multiples vécus. Extrait: «Derek quitte l'île de Montréal dès 6 heures le jeudi matin. À l'inverse du trafic, la circulation est fluide sur la 40 ouest. Go West, young man. Direction le Pays-d'En-haut. Sur une carte, façonné par les lacs Huron et Michigan, l'État du Michigan ressemble à une mitaine gauche, Détroit étant situé sur la partie extérieure de son pouce. À part l'Alaska, C'est le seul endroit où le Canada est au sud des États-Unis. Le bassin des Grands Lacs, c'est littéralement le coeur de l'Amérique. Un réseau artériel irriguant la moitié d'un continent. Avec 18% des réserves mondiales, c'est la plus grande source d'eau douce au monde. De mémoire de Lamothe, la grande-route l'a toujours apaisé. Pendant son hockey junior, il a sillonné tout le Québec en autobus. Il aimait particulièrement les voyages contre les Foreurs de Val-d'or et les Huskies de Rouyn-Noranda. Des nuits entières à traverser l'interminable parc de La Vérendrye.» 

Feuille de route

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Mission encre noire 27 juin
Émission du 27 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 412. Troubles, nos ombres un collectif dirigé par Jennifer Bélanger paru en 2023 aux éditions Triptyque dans la collection Queer. La colère ne se tarit pas dixit l’autrice. De l’élaboration de ce projet à l’été 2020, à son achèvement en 2022, Safia Nolin deviendra la bête noire des réseaux sociaux malgré son récit d’agressions subies de la part de Maripier Morin, la montée de la droite aux États-Unis et celles des conservatismes en général dans le monde, dès lors menace les droits fondamentaux des personnes minorisées. Les textes réunis ici par Jennifer Bélanger offre un espace sécuritaire à 11 artistes non seulement pour témoigner de l’urgence de dire les dangers qui guettent les personnes LGBTQ2IA+, mais également pour nous partager des récits de vie poignants. Qu’il s’agisse d’amitié, de rapports amoureux, de désirs, de colère, de résistance, Étienne Bergeron, Julie Bosman, Marilou Craft, Nicholas Dawson, Martine Delvaux, Sandrine Galand, Maude Lafleur, Mael Maréchal, Roxane Nadeau, Mélanie O’Bomsawin et Justina Uribe se réunissent sous l’ombre lumineuse et créatrice de Jennifer Bélanger, qui est mon invité, ce soir, à Mission encre noire.
60 min
Mission encre noire 06 juin
Émission du 6 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 411. Mise en forme par Mikella Nicol paru en 2023 aux éditions Le Cheval D’août. À la suite d’une rupture amoureuse encore fraîche et de l’aménagement en catastrophe chez un ami, la narratrice se jette à corps perdu dans l’entraînement physique. Malgré que son corps deviennent de plus en plus performant, la dépression gagne du terrain, il y a toujours quelque chose qui cloche. Ce qui s’impose très vite comme la seule activité encore valable à ses yeux va devenir un sujet de réflexion tenace. Et si, en dépit des injonctions bénéfiques assénées par les vidéos de fitness, les programmes de remises en forme n’étaient que la partie émergée d’une problématique plus vaste. Pour l’autrice l’idée jaillit en croisant un inconnu malveillant dans la rue. Le lien qui unit violence et beauté ne fait plus aucun doute. Ou comment l’industrie du fitness, entre autre, confirme la main mise d'une esthétique patriarcale, coloniale et fossile, sur le discours ambiant, dixit Paul B. Preciado. On peut se demander, ici, comment un tel système, qui vise la soumission collective totale des corps, se met-il en place ? Les femmes en particulier, tels des objets inoffensifs, se doivent de collaborer, bien entendu, à leur corps défendant, à des modèles hétérosexuels astreignants. Ce livre à mi-chemin de l’essai et du récit autobiographique laisse libre court à une parole qui refuse de rentrer dans le moule. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Mikella Nicol.
60 min
Mission encre noire 23 mai
Émission du 23 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 410. Daniel Grenier Héroïnes et tombeaux paru en 2023 aux éditions Héliotrope. Alexandra Pearson, originaire du Tennessee, lit le New York Times dans cette ville secondaire brésilienne à l’ouest de Porto Alegre : Uruguaiana. Aujourd’hui journaliste, la jeune femme qui avait cheminé aux côté de Françoise dans le roman précédent de l’auteur, part à la recherche, cent ans plus tard, d’un étrange personnage, Ambrose Bierce, auteur du Dictionnaire du diable. Il serait mort fusillé en 1915 au Mexique et réapparu, bien vivant, à des milliers de kilomètres plus loin. Pour cela, elle devra mettre la main sur un manuscrit inédit. Pendant ce temps, comme l’annonce le journal, une certaine Helen Klaben décède à l’âge de 76 ans. Autrefois, elle a fait la Une du Life magazine, le 12 avril 1963, après avoir survécu 49 jours dans le froid du Yukon suite au crash de leur avion le 3 février 1963. Étrange coïncidence, ce nom, lui semble familier. Il lui remémore un souvenir amer, celui de Françoise, cette fille à qui elle n’a fait que mentir. À l’époque elle se faisait appeler Samantha. Dans ce troisième livre qui se veut un hommage à Ernesto Sabato, l’auteur nous entraîne dans un étrange roman d’aventures dans lequel il explore une fois encore le territoire américain et il s’interroge sur la responsabilité de celui qui raconte les histoires des autres. Sur un air de Carioca, j’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Daniel Grenier.
60 min
Mission encre noire 16 mai
Émission du 16 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 409. Exercices de joie par Louise Dupré paru en 2023 aux éditions du Noroît. Dernier fascicule du triptyque traitant des possibilités du poétique face à l’horreur et à la détresse entamé avec Plus haut que les flammes en 2010 puis La main hantée en 2016, Exercices de joie présente la poète fébrile, les côtes friables, hantée par des rêves qui la réveillent la nuit. Toutefois Louise Dupré n'abdique pas pour autant. Elle revendique le désir de se tenir debout devant un paysage en ruines quitte à s'accrocher à ses mots comme à une bouée. Car, s'il est peut-être vain de vouloir comprendre l’envers du monde quand le temps fuit entre nos doigts, pourquoi ne pas apprivoiser les douleurs, en oublier la piqûre de l’aiguille. L’écriture, telle une veine fragile qui palpite encore, se mue en écorce revêche, pour combattre en prose et en vers. Si la suie de Birkenau ou de Auschwitz la poursuit encore, si l’ombre de la main coupable du second recueil habite encore les pages, les poèmes explorent ici une autre voie, plus apaisée. Celle de la douceur, celle de la joie, que l'autrice défini comme cet instant précieux et rare ou le cœur module ses élans. Il est du devoir de la poète de donner à voir cette faible clarté bienveillante qui conduit sa main. Certes, le cercle des poètes disparus s’agrandit un peu plus chaque jour, le monde chancelle ; non, elle ne vacillera pas ; l’autrice appartient à la généalogie des femmes qui n’ont jamais renoncé. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Louise Dupré.
60 min
Mission encre noire 02 mai
Émission du 2 mai 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 408. Le plein d’ordinaire par Étienne Tremblay paru en 2023 aux éditions Les Herbes Rouges. Asti qu’était belle! se dit Mathieu alors qu'il entre dans le Pétro sur le boulevard qui mène vers Longueuil, proche de l’usine Weston. Elle, c’est Val, sa future collègue que l’adolescent de Boucherville va chercher désespérément à séduire. Le futur cégépien est persuadé d’être promis à un grand destin de poète, cela sera-t-il suffisant pour elle? En attendant, il travaille de nuit dans une station-service à distance de vélo de chez lui. Une job parfaite qui lui permet de lire à sa guise, de consommer ses trois gammes de pot, de voler des cigarettes et de manger à volonté. Mathieu illustre à merveille la chronique ordinaire d’un ados de banlieue des années 2000. Une jeunesse qui se mélange, qui se passionne, qui se voit un avenir exceptionnel, qui rêve la vie en grand plutôt qu’à travers le miroir aveugle de l’écran noir d’un cellulaire. Mathieu n’a rien de différent des autres, si ce n’est l’élan que lui procure une sensibilité exacerbée et un certain goût du risque. Des excès qui fatalement se fracasseront contre le mur des réalités. Voici un roman initiatique qui relate l’aventure épisodique, très attachante, d’un jeune homme en quête de lui-même, pris au centre de son univers sensible, près à devenir un autre Mathieu, même s'il ne sait pas très bien encore à quoi cela ressemblera. J’accueille, ce soir à Mission encre noire, Étienne Tremblay.
60 min