Nouveau v379
Mission encre noire

Émission du 15 septembre 2020

Mission encre noire Tome 29 Chapitre 333. Je n'en ai jamais parlé à personne paroles recueillies et agencées par Martine Delvaux paru en 2020 aux éditions Héliotrope. Mission encre noire reprend enfin du service après ces derniers mois de confinement. Il m'est apparu tout aussi évident et urgent d'ouvrir cette nouvelle saison avec un livre indispensable. Non seulement, résonne-t-il outrageusement dans l'actualité, depuis sa publication en mars dernier, surtout, il dévoile, une fois encore, l'impératif de s'attaquer à une pandémie aussi sournoise et durable que la COVID 19: la violence envers les femmes. Martine Delvaux, pour cela a fait appel à des textes entre le 18 octobre 2017 et le 30 octobre 2019 via sa page Facebook. Une centaine de femmes, une centaine de courageuses ont brisé le voile du silence, bien avant la fameuse liste qui circule sur les réseaux sociaux depuis cet été. Ce projet de dépliage des paroles permettra-t-il de réparer l'oubli dans un raz de marée émotionnel inédit ? Comment l'autrice s'y est-elle pris pour classer et accueillir ce flot de violences écrit en versant des larmes? Que signifie «Faire histoire» dans cette démarche remarquable ? Martine Delvaux est invitée, à Mission encre noire, ce soir, pour en savoir plus. Extrait: « Mais c'est grave tout le temps. TOUT LE TEMPS./Même si on met les mots les plus doux./Moi aussi, tous les jours, dans la rue où je ne suis plus chez moi./Te souviens-tu du jour où tu m'as détruite ?/Merci de t'abstenir des justifications./J'ai peur et, pire que ça, j'ai honte./Je n'en ai jamais parlé, j'avais tellement honte de m'être laissé manipuler./C'est terrible, cette inversion de la honte./Nos familles sont encore amies.» Les lois du jour et de la nuit par Emmanuelle Caron paru en 2020 aux éditions Héliotrope. Marguerite accepte de retourner vivre sur les terres familiales, avec son jeune fils Pierrot, dans cette maison du lac qu'elle connaît si bien. Ce déménagement est devenu nécessaire depuis qu'Armand, son mari, a été appelé sous les drapeaux en Indochine, quelque part, aux confins du Laos, du nord Vietnam et du Cambodge. Nous sommes en 1954, le 08 mai, au lendemain de l'offensive de l'armée Viêt-Minh. Capturé, Armand s'enfonce dans les profondeurs d'une jungle hostile, alors que Marguerite évite d'approcher de la maison maternelle. Ornella, sa mère, verse, dit-on, dans la sorcellerie. Dans sa forêt de chênes blancs une ombre familière erre parmi les fougères mouillées de pluie. Plus tard, c'est un mystérieux chien noir qui rôde, une glaire blanchâtre recouvre les sols du sous-bois et soudain un homme au corps démesuré. Porté par un style aguerri et à l'arôme symbolique étoffé, ce second roman vous invite à vous engager dans une étrange et palpitante odyssée, délicieusement noire. Rituel magique, bataille épique, poupées de cire, Emmanuelle Caron utilise avec succès les ressorts de tension des littérature de l'imaginaire pour nous conter l'histoire d'un amour impossible. Que se cache-t-il, vraiment, derrière cet univers magique ? Je rencontre Emmanuelle Caron, à Mission encre noire, pour en discuter.  Extrait: « Le sentier n'était plus balisé que par une ligne de sable, un trait jaune tiré sur l'obscurité du sol. Marguerite suivit le fil jusqu'à un embranchement. La droite retournait vers la route goudronnée, la gauche plongeait dans un tunnel de futaie et débouchait sur une longue allée de bois coupé. Marguerite s'engagea dans le chemin de gauche. Pierrot était léger et l'ombre des arbres fraîche et silencieuse. Marguerite retournait vers des lieux dangereux ; elle tâta au fond de sa poche les lames fermées de ses ciseaux. Malgré elle lui revenaient les conseils de Renom. Ne s'approcher de la maison sous aucun prétexte. Une petite chanson lui vint aux lèvres, celle du grand Lustucru, et elle la siffla en feignant la gaieté, pour Pierrot. Tout à coup, elle remarqua sur le sable du sentier, mêlé aux branches et aux écorces, les mêmes «beurrées» que ce matin. Une substance blanche recouvrait çà et là les jeunes pousses de pin.»

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Mission encre noire 27 juin
Émission du 27 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 412. Troubles, nos ombres un collectif dirigé par Jennifer Bélanger paru en 2023 aux éditions Triptyque dans la collection Queer. La colère ne se tarit pas dixit l’autrice. De l’élaboration de ce projet à l’été 2020, à son achèvement en 2022, Safia Nolin deviendra la bête noire des réseaux sociaux malgré son récit d’agressions subies de la part de Maripier Morin, la montée de la droite aux États-Unis et celles des conservatismes en général dans le monde, dès lors menace les droits fondamentaux des personnes minorisées. Les textes réunis ici par Jennifer Bélanger offre un espace sécuritaire à 11 artistes non seulement pour témoigner de l’urgence de dire les dangers qui guettent les personnes LGBTQ2IA+, mais également pour nous partager des récits de vie poignants. Qu’il s’agisse d’amitié, de rapports amoureux, de désirs, de colère, de résistance, Étienne Bergeron, Julie Bosman, Marilou Craft, Nicholas Dawson, Martine Delvaux, Sandrine Galand, Maude Lafleur, Mael Maréchal, Roxane Nadeau, Mélanie O’Bomsawin et Justina Uribe se réunissent sous l’ombre lumineuse et créatrice de Jennifer Bélanger, qui est mon invité, ce soir, à Mission encre noire.
60 min
Mission encre noire 06 juin
Émission du 6 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 411. Mise en forme par Mikella Nicol paru en 2023 aux éditions Le Cheval D’août. À la suite d’une rupture amoureuse encore fraîche et de l’aménagement en catastrophe chez un ami, la narratrice se jette à corps perdu dans l’entraînement physique. Malgré que son corps deviennent de plus en plus performant, la dépression gagne du terrain, il y a toujours quelque chose qui cloche. Ce qui s’impose très vite comme la seule activité encore valable à ses yeux va devenir un sujet de réflexion tenace. Et si, en dépit des injonctions bénéfiques assénées par les vidéos de fitness, les programmes de remises en forme n’étaient que la partie émergée d’une problématique plus vaste. Pour l’autrice l’idée jaillit en croisant un inconnu malveillant dans la rue. Le lien qui unit violence et beauté ne fait plus aucun doute. Ou comment l’industrie du fitness, entre autre, confirme la main mise d'une esthétique patriarcale, coloniale et fossile, sur le discours ambiant, dixit Paul B. Preciado. On peut se demander, ici, comment un tel système, qui vise la soumission collective totale des corps, se met-il en place ? Les femmes en particulier, tels des objets inoffensifs, se doivent de collaborer, bien entendu, à leur corps défendant, à des modèles hétérosexuels astreignants. Ce livre à mi-chemin de l’essai et du récit autobiographique laisse libre court à une parole qui refuse de rentrer dans le moule. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Mikella Nicol.
60 min
Mission encre noire 23 mai
Émission du 23 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 410. Daniel Grenier Héroïnes et tombeaux paru en 2023 aux éditions Héliotrope. Alexandra Pearson, originaire du Tennessee, lit le New York Times dans cette ville secondaire brésilienne à l’ouest de Porto Alegre : Uruguaiana. Aujourd’hui journaliste, la jeune femme qui avait cheminé aux côté de Françoise dans le roman précédent de l’auteur, part à la recherche, cent ans plus tard, d’un étrange personnage, Ambrose Bierce, auteur du Dictionnaire du diable. Il serait mort fusillé en 1915 au Mexique et réapparu, bien vivant, à des milliers de kilomètres plus loin. Pour cela, elle devra mettre la main sur un manuscrit inédit. Pendant ce temps, comme l’annonce le journal, une certaine Helen Klaben décède à l’âge de 76 ans. Autrefois, elle a fait la Une du Life magazine, le 12 avril 1963, après avoir survécu 49 jours dans le froid du Yukon suite au crash de leur avion le 3 février 1963. Étrange coïncidence, ce nom, lui semble familier. Il lui remémore un souvenir amer, celui de Françoise, cette fille à qui elle n’a fait que mentir. À l’époque elle se faisait appeler Samantha. Dans ce troisième livre qui se veut un hommage à Ernesto Sabato, l’auteur nous entraîne dans un étrange roman d’aventures dans lequel il explore une fois encore le territoire américain et il s’interroge sur la responsabilité de celui qui raconte les histoires des autres. Sur un air de Carioca, j’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Daniel Grenier.
60 min
Mission encre noire 16 mai
Émission du 16 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 409. Exercices de joie par Louise Dupré paru en 2023 aux éditions du Noroît. Dernier fascicule du triptyque traitant des possibilités du poétique face à l’horreur et à la détresse entamé avec Plus haut que les flammes en 2010 puis La main hantée en 2016, Exercices de joie présente la poète fébrile, les côtes friables, hantée par des rêves qui la réveillent la nuit. Toutefois Louise Dupré n'abdique pas pour autant. Elle revendique le désir de se tenir debout devant un paysage en ruines quitte à s'accrocher à ses mots comme à une bouée. Car, s'il est peut-être vain de vouloir comprendre l’envers du monde quand le temps fuit entre nos doigts, pourquoi ne pas apprivoiser les douleurs, en oublier la piqûre de l’aiguille. L’écriture, telle une veine fragile qui palpite encore, se mue en écorce revêche, pour combattre en prose et en vers. Si la suie de Birkenau ou de Auschwitz la poursuit encore, si l’ombre de la main coupable du second recueil habite encore les pages, les poèmes explorent ici une autre voie, plus apaisée. Celle de la douceur, celle de la joie, que l'autrice défini comme cet instant précieux et rare ou le cœur module ses élans. Il est du devoir de la poète de donner à voir cette faible clarté bienveillante qui conduit sa main. Certes, le cercle des poètes disparus s’agrandit un peu plus chaque jour, le monde chancelle ; non, elle ne vacillera pas ; l’autrice appartient à la généalogie des femmes qui n’ont jamais renoncé. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Louise Dupré.
60 min
Mission encre noire 02 mai
Émission du 2 mai 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 408. Le plein d’ordinaire par Étienne Tremblay paru en 2023 aux éditions Les Herbes Rouges. Asti qu’était belle! se dit Mathieu alors qu'il entre dans le Pétro sur le boulevard qui mène vers Longueuil, proche de l’usine Weston. Elle, c’est Val, sa future collègue que l’adolescent de Boucherville va chercher désespérément à séduire. Le futur cégépien est persuadé d’être promis à un grand destin de poète, cela sera-t-il suffisant pour elle? En attendant, il travaille de nuit dans une station-service à distance de vélo de chez lui. Une job parfaite qui lui permet de lire à sa guise, de consommer ses trois gammes de pot, de voler des cigarettes et de manger à volonté. Mathieu illustre à merveille la chronique ordinaire d’un ados de banlieue des années 2000. Une jeunesse qui se mélange, qui se passionne, qui se voit un avenir exceptionnel, qui rêve la vie en grand plutôt qu’à travers le miroir aveugle de l’écran noir d’un cellulaire. Mathieu n’a rien de différent des autres, si ce n’est l’élan que lui procure une sensibilité exacerbée et un certain goût du risque. Des excès qui fatalement se fracasseront contre le mur des réalités. Voici un roman initiatique qui relate l’aventure épisodique, très attachante, d’un jeune homme en quête de lui-même, pris au centre de son univers sensible, près à devenir un autre Mathieu, même s'il ne sait pas très bien encore à quoi cela ressemblera. J’accueille, ce soir à Mission encre noire, Étienne Tremblay.
60 min