Nouveau v379
Mission encre noire

Émission du 14 janvier 2020

Mission encre noire 326 Tome 28 Chapitre 326 Le Boys Club de Martine Delvaux paru en 2019 aux éditions du remue-ménage. Qui a vu le grand méchant loup ? C'est bien nous ! Non, le boys club n'est pas une institution du passé, ni tirée d'une comptine désuète. Il existe parmi nous, puissant, tentaculaire. Bâti sur les cendres encore chaude du succès des Filles en série: des Barbies aux Pussy Riot paru en 2013 aux éditions du remue-ménage (nouvelle édition 2018), ce nouvel essai dénonce de manière absolue les lieux de pouvoir d'une élite masculine. Un monde d'hommes, souvent blancs, âgés et fortunés qui, non seulement, s'accapare un nombre incalculable de privilèges et d'abus en tout genre, mais également exclu, pour ce faire, ce qui ne lui ressemble pas et menace son hégémonie, en particulier: les femmes et les minorités. Martine Delvaux, encore une fois, à force de courage et d'abnégation, se lance dans une vaste opération de reconquête de ce pouvoir qui nous échappe tellement, dans un geste ultime de citoyenneté. La grande supercherie des boys club est dénoncée ! Martine Delvaux décrit la structure d'une machine politique qui légitime l'abject et fabrique de l'exclusion. Parce que nos vies comptent, ce livre s'adresse d'urgence à tous, à vous, à moi, à lui, à eux. Bienvenue dans la manufacture du pouvoir !« When she talks, i hear the revolution » (Bikini Kill), Martine Delvaux est notre invitée, ce soir, à Mission encre noire.  Extrait: « Force est de constater qu'on n'honore pas les femmes en donnant leur nom à un lieu du paysage urbain, ou très peu. Peut-être parce que ce qu'elles font n,est pas considéré suffisamment honorable, ou parce que tout simplement, on ignore ce que les femmes ont accompli, et qu'on ne sent ni le besoin ni le désir de s'informer. Et la même chose peut-être dite au sujet des communautés culturelles et autochtones, nettement sous-représentées, la Ville de Montréal soutient que sa division du patrimoine fait déjà de la discrimination positive depuis une vingtaine d'années. Son plan d'action indique que, « au moment d'une désignation d'un toponyme, si le choix existe entre un nom d'homme et un nom de femme, ce dernier sera privilégié ». Mais il ne s'agit pas seulement de choisir l'une ou l'autre ; il s'agit de sortir du boys club, de ne pas faire le choix moral, éthique, et donc en quelque sorte faux - choisir une femme parce que c'est une femme et ainsi laisser entendre que le choix de l'homme était le meilleur mais a dû être écarté pour des raisons politiques.» Théo à jamais de Louise Dupré à paraître le 05 février 2020 aux éditions Héliotrope. Qui aurait pu prédire que Théo tirerait sur son père lors d'une de ses conférence à l'université de Miami ? Il l'a pointé avec une arme et l'atteint au ventre, avant de se faire blessé, lui-même, à mort par un agent de police. Qui aurait pu prévoir ce drame, certainement pas Karl et encore moins Béatrice Hubert qui apprend la nouvelle de l'attentat de son fils, alors qu'elle travaille, ironie du sort, sur un documentaire sur les tueries de masse. Était-ce un hasard s'ils avaient un meurtrier dans la famille ? Comment affronter la tornade qui soudainement s'abat sur eux ? Qui était vraiment Théo ? Béatrice s'acharne à le découvrir, elle veut comprendre. Que faire, malgré tout, de la douleur et de la rage qui s'emparent d'elle ? Elle décide de se raconter, d'écrire comme si elle s'administrait un médicament. Écrire contre la souffrance, malgré les doutes, sans omettre la colère et la révolte, Béatrice va s'efforcer de croire, de garder foi en la vie. Issu d'elle et de Karl, Théo s'est hissé sur un piédestal, mais un erreur de taille s'est glissée. faut-il en faire un monstre pour autant ? Dans un récit lucide et puissant Louise Dupré nous parle de la douleur, cette lame de couteau qui perse au coeur de la mémoire familiale, dans l'intimité de la prise de parole d'une mère qui ose sonder de ses doigts la profondeur d'une mauvaise cicatrice. J'accueille l'autrice, Louise Dupré, ce soir, à Mission encre noire. Extrait: « Je me suis réveillée ce matin avec de la pluie plein la tête, une pluie de novembre, une pluie folle, menaçante, un déluge comme le jour où l'appel d'Helen Gardner m'avait précipitée dans l'horreur. Deux ans maintenant, à quelques jours près, je n'en reviens pas. Un jour, aurai-je du mal à me rappeler les événements de Miami? Ils seront toujours imprimés en moi, je crois, ce n'est pas pour cette raison que j'ai entrepris ce récit. Tous les jours, j'écris dans mon lit, Darwin à mes pieds. Une bonne journée, peut-être ce besoin disparaîtra-t-il comme par enchantement. Je conserverai le dossier «Floride» un certain temps, puis je le ferai glisser dans la corbeille de mon PC. J'aurai fini de porter sur mes épaules le cadavre de Théo. Mais suis-je bien franche, oserais-je jeter mon manuscrit?»  

Feuille de route

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Mission encre noire 25 avril
Émission du 25 avril 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 407. Loger à la même adresse, conjuguer nos forces face à la crise du logement, l’isolement et la pauvreté par Gabrielle Anctil paru en 2023 aux éditions XYZ dans la collection Réparation. Plus de 80% de la population canadienne vit en ville selon statistique Canada en 2018, de 2001 à 2021. Le nombre de ménage composé de colocataires a augmenté de 54%, et en 2018 toujours, la Journée des communautés intentionnelles a accueilli près de 200 participant.es à Montréal. Si cette tendance coïncide avec le besoin de se loger pour moins cher devant l’augmentation abusive des loyers dans la métropole, elle révèle aussi le désir de s'offrir une autre manière de vivre. Au Québec, les nombreuses Premières Nations au pays ont vécu en communauté depuis la nuit des temps, la province possède également une longue histoire de collaboration à travers le tissu riche et variés de ses coopératives. Gabrielle Anctil vit depuis 14 ans dans une communauté intentionnelle nommé La cafétéria. Nourriture partagée, dépenses amorties en groupe, des corvées aux six semaines, des préparations de soupers collectifs deux fois par semaine font partie de sa routine de vie en communauté intentionnelle dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Ce premier essai, affublé d’une clinquante couverture orangée, se veut autant un témoignage de première main qu’une boite à outil pour celles et ceux qui rêvent de vivre autrement, et qui désirent de changer radicalement de mode de vie. Comme le dit si bien l’écrivain de science fiction Alain Damasio, au lieu de rêver du grand soir, mieux vaut savoir bifurquer. Une attitude qui ouvre vers d’autres possibles collectifs, car une communauté intentionnelle s’est également envisager une autre façon de vivre socialement et politiquement ensemble. Je reçois, ce soir, à Mission encre noire, Gabrielle Anctil.
60 min
Mission encre noire 28 mars
Émission du 28 mars 2023
Mission encre noire Tome 37 chapitre 406. Jour encore, nuit à nouveau par Tristan Saule paru en 2023 aux éditions Le Quartanier dans la collection Parallèle Noir. Loïc ne sort plus de chez lui. Il scrute la place carrée par la lunette de sa carabine tchèque de calibre. 22. L'oeil collé au viseur, il observe la France déconfinée en mai 2020. Cela fait un an que Loïc n’a pas mis un pied dehors. Il voit bien la grande esplanade depuis son troisième étage du bâtiment B. Il n’en peut plus de se savoir menacé par le virus, les vaccins, les femmes, l’usine de métallurgie qui l’emploie. Heureusement il y a encore Nini, sa sœur qui est DRH chez Lapeyre, le spécialiste en menuiserie, elle lui fait ses courses. Sans oublier, Elora Silva, un des rares lien avec l’extérieur qui lui reste. Avec peut-être aussi quelques séances avec l’atelier de théâtre du quartier auquel il s’est inscrit. Il y retrouve Zineb et son délicat visage cerné par son hijab qu'il aime tant. Il va peu à peu perdre pied, être licencier, se couper de ses proches, entendre des voix, celles des personnages beckettiens de la pièce de théâtre qu’il écrit pour l’atelier, Clic et Cloque. Alors, il promène sa lunette de fusil vers la place, elle pointe vers son avenir, il a les larmes aux yeux. Roman sur la solitude, l’isolement, la difficulté de vivre le confinement, ce nouveau chapitre des Chroniques de la place carrée évoque le moisissement intérieur d’un homme et d’un monde ébranlé par la pandémie. Ce regard paranoïaque et menaçant qui balaie la place carrée se révèle un portrait frontal d’une France malade, qui a perdu ses repères. Nous embarquons ce soir pour ce thriller psychologique hypnotique en compagnie de Tristan Saule qui est notre invité à Mission encre noire.
60 min
Mission encre noire 14 mars
Émission du 14 mars 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 405. Cet exécrable corps, dissection de la grossophobie internalisée par Eli San paru en 2023 aux éditions Remue-ménage avec des illustrations de l’autrice. Si «ce corps me pousse à hurler», ce sont les premiers mots du texte, il permet aussi d’écrire sur la grossophobie ambiante. Il faut du cran lorsqu’on a mal à la peau, lorsque votre propre organisme vous dégoûte, lorsque votre morphologie devient une véritable prison, pour prendre la plume pour creuser plus profond. Tout en étant admiratrice de leur audace, et de la détermination du collectif, l’autrice avoue avoir de la difficulté à adhérer complètement au mouvement body positive, bien malgré elle. Aucune animosité à cela, de sa part, Eli San partage le même constat, les grosses personnes font l’objet d’une stigmatisation sociale omniprésente. La militante féministe et bibliothécaire montréalaise se met à nu, dans son intimité, dans son quotidien. Si personne n'ose vraiment le faire, l'autrice se réapproprie un champ d’expression de soi, au risque de déplaire. Parler de ses inconforts, des difficultés rencontrées dans sa vie amoureuses, de s’habiller à son goût, de monter des escaliers, bref, que ce soit dans la désinvolture ou l'aveu de faiblesse, Eli San est loin de vouloir se décourager, ni loin de vouloir blesser qui que ce soit. Ses confidences font mouche. Justement, parce que l’autrice s’y révèle vulnérable.Et dans ce miroir d’elle-même qu’elle nous tend, de toute cette haine de soi qui refait surface assurément, elle déclare la guerre aux préjugés: c’est le travail d’une vie. Pour en finir de vivre dans l’invisibilité j’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Eli San.
60 min
Mission encre noire 01 mars
Émission du 28 février 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 403. Cher Connard par Virginie Despentes paru en 2022 aux éditions Grasset. Oscar Jayack, un modeste romancier, ne pensait pas vraiment être lu par Rebecca Latté, une star de cinéma en fin de carrière, lorsqu’il publie un texte abjecte, sur Instagram. Et pourtant, sa réponse sous la forme d’une correspondance sera cinglante : Cher connard. Effacer sa publication n'y suffira pas, il lui admet son erreur. Elle n’a que faire de ses excuses mielleuses. Élevé dans les mêmes quartiers, être le frère de la meilleure amie de Rebecca dans les années 80, Corinne, n'y changera rien. Il a eu tort. Néanmoins, le dialogue va peu à peu s’instaurer. Ils ont en commun d’avoir grandi dans des banlieues ouvrières dont tout le monde se fout. Dans ce roman épistolaire, se dessine en creux un portrait accrocheur de deux solitudes, celui d’une génération engluée dans l’héritage patriarcal des années post-soixante-huitardes. Chacun.e englué.e dans diverses dépendances à l'alcool et aux drogues, se prennent le mouvement MeToo de plein fouet. «La vengeance des pétasses» comme le dit Oscar, contre le fameux mâle blanc. Alors que Zoé Katana, une ancienne attachée de presse d’édition le dénonce à son tour dans son blogue féministe radical, Oscar montre un autre visage. Et puis il y aura la COVID. Le confinement fait déambuler Rebecca et Virginie Despentes dans les rues vides d’un Paris qui a disparu. Cette ville, qu’elles connaissent si bien, n’est plus. Virginie Despentes se livre plus que jamais ici sur ses amours et ses intoxications aux drogues. Il est toujours grisant de retrouver ce ton si particulier, un mélange d'esprit contestataire et de regard critique sur notre époque porté par une voix badass. À celles et ceux qui la trouve radicale, elle rétorque : «la féminité est une prison et on en prend pour perpet.» Si Cher connard peu paraître un roman de la réconciliation, ne soyez pas dupes. Ce livre est une maison, celle de toutes les féministes, une décharge avec des rats et d’autres mauvaises filles. Punk as always, Cher Connard par Virginie Despentes paru en 2022 aux éditions Grasset.
60 min
Mission encre noire 15 février
Émission du 14 février 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 403. Mon fils ne revint que sept jours par David Clerson paru en 2023 aux éditions Héliotrope. Fin juin, ce matin là, une mère retrouve son fils qu’elle n’a pas vu depuis dix ans, au chalet familial en Mauricie, situé en pleine forêt. Elle y vit seule depuis sa retraite, ne recevant que de rares visites. Une fois passée la surprise, elle reconnaît son Mathias, devant sa porte, même s’il est devenu un homme plus grand que dans ses souvenirs. Tandis qu’ils marchent vers une tourbière, un lieu de refuge depuis l’enfance, Il va lui raconter sa vie d’errance. Une obsession l'accable sans cesse. L’idée persistante qu’une matière blanchâtre lui occupe le crâne et coule dans son corps, comme si elle voulait l’étouffer. Incapable de trouver sa place dans un monde qui s'agglomère en une gigantesque banlieue, il ne pense encore qu'à fuir. Pour sa mère, les journées sont belles en sa présence, malgré ce regard envoûtant de tourbière, qui parfois l'effraie. Comme la plupart de ses romans précédent, on retrouve chez l’auteur cette part d’étrangeté, de répétitions, de cycles où se combine un étrange cocktail de monstruosité, d’hallucination, d’égarement et de névrose qui plonge inlassablement le lectorat dans le doute et la curiosité. Je vous invite, ce soir, à glisser entre les branches, dans le chant assourdissant des rainettes et celui plus lourd des ouaouarons, je reçois David Clerson, à Mission encre noire.
60 min