Nouveau v379
Mission encre noire

Émission du 12 novembre 2019

Mission encre noire Tome 27 Chapitre 321.Vol DC-408 de Nicolas Chalifour paru en 2019 aux éditions Héliotrope. Un homme reçoit, par erreur, un manuscrit en provenance du Portugal. Il découvre les invraisemblables aventures d'un écrivain en cavale. Montréal, janvier 2012, il décide de mettre ses pas dans les siens, et de se laisser gagner par la fièvre qui habite le fatras des cahiers. Réécrire. Sous un ciel de novembre, un personnage du nom d'Antoine monte à bord d'un Airbus défraîchi en direction de Lisbonne. Suivant le trajet mythique des elétricos de la ville, notamment, celui de la ligne 28E, celui-ci va découvrir tout un monde dissimulé dans les replis des décors décatis de Lisbonne. En exil, l'écrivain va se laisser entraîner dans un périlleux road-movie non conventionnel. Vol DC-408 brosse le portrait poétique d'une ville livrée aux affres de la gentrification galopante et de l'invasion de l'industrie touristique. Entrez dans la ronde des cafés et des bars lisboètes, osez pénétrer les mystères de la folle déambulation d'Antoine et des loufoqueries éclairées des personnages felliniesque qui peuplent ce roman. Nicolas Chalifour est invité à Mission encre noire. Extrait: « En effet, malgré une nausée interminable, une tête plombée, des poussée de fièvre et tous les accès de mélancolie hérités de cette virée, Antoine insiste sur le fait qu'il ne regrette absolument pas de s'être égaré dans la ville au cours de cette étrange nuit. Expliquant que , malgré les mois passés au loin, les bienfaits de la solitude et le temps que cette dernière a pu lu donner pour réfléchir, pour tenter de faire de l'ordre dans ce qu'il nomme le fouillis de sa tête et malgré, aussi, le relatif apaisement apporté par toutes ces semaines vécues ailleurs, entre les lignes du livre dont il vient de terminer l'écriture, il lui semble assez clair qu'il va toujours pas bien, certainement pas mieux qu'au moment où il a décidé de s'enfuir, de venir se terrer si loin de Montréal. » Les limbes de Jean-Simon Desrochers paru en 2019 éditions Les Herbes Rouges/roman. Alma Meilleur meurt en couches dans les toilettes du 1441 Sainte-Élisabeth, un matin de septembre 1939, devant les yeux ébahis de la tenancière du lupanar, Rita Malarche. Michel Best en né. Best ? Car «c'est un nom d'homme, comme Gary Cooper ou Spencer Tracy.» Ti-Best va grandir en plein coeur du Red-Light, aux côtés de sa tralée de «mamans», de leurs protecteurs et des hommes de main de monsieur Santini. Il veut s'en sortir. On grandit vite dans les ruelles des quartiers chauds de la ville. Plus déterminé et brillant que les autres, Ti-Best va devenir policier puis enquêteur à la criminelle. Malgré tout, la réussite sociale, un mariage accompli, des amis fidèles, la solitude le guette. Traversant les années charnières de l'histoire du Québec, l'avènement du FLQ, le déclin de la religion, la création du RIN, le tournant historique de l'expo 67 et le référendum de 1980, Best se trouve en proie aux doutes et à l'anxiété. Une étrange tueuse en série, qui le connaît bien, lui file constamment entre les doigts. Comment s'amorce l'implacable mécanique de la vie d'une homme né dans un bordel ? Jean-Simon Desrochers concilie amour et souffrance pour nous raconter l'histoire douloureuse d'un homme de sa naissance à sa mort, condamné à vivre dans les limbes d'une ville qui oublie sans cesse, pour mieux reconstruire. Ti-Best a-t-il jamais existé vraiment ? Jean-Simon Desrochers est de visite à Mission encre noire. Extrait: « L'été qui s'achève est le premier que Best a passé à jouer dehors, ne rentrant chez lui que pour boire de l'eau, manger une bouchée, chier, se laver, dormir. Avec la reprise de la business, le 1441 est revenu à la formule classique, n'en déplaise aux chauffeurs de taxi. Dans les rues, Best entend le bruit des bobépines frottées sur les persiennes des immeubles actifs, comme avant. Par moments, des cigales embarquent dans la mêlée sonore traversée de sons de moteurs, de klaxons lointains, de pétards qui éclatent, d'hommes et de femmes qui s'engueulent toutes fenêtres ouvertes, de chiens qui jappent, grognent, couinent. Des bruits que Best entendait de loin, les étés précédents, alors que cette fois, juché sur son vélo, il les vit, les traverse, y contribue, et franchement, c'est le bonheur.»

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Mission encre noire 27 juin
Émission du 27 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 412. Troubles, nos ombres un collectif dirigé par Jennifer Bélanger paru en 2023 aux éditions Triptyque dans la collection Queer. La colère ne se tarit pas dixit l’autrice. De l’élaboration de ce projet à l’été 2020, à son achèvement en 2022, Safia Nolin deviendra la bête noire des réseaux sociaux malgré son récit d’agressions subies de la part de Maripier Morin, la montée de la droite aux États-Unis et celles des conservatismes en général dans le monde, dès lors menace les droits fondamentaux des personnes minorisées. Les textes réunis ici par Jennifer Bélanger offre un espace sécuritaire à 11 artistes non seulement pour témoigner de l’urgence de dire les dangers qui guettent les personnes LGBTQ2IA+, mais également pour nous partager des récits de vie poignants. Qu’il s’agisse d’amitié, de rapports amoureux, de désirs, de colère, de résistance, Étienne Bergeron, Julie Bosman, Marilou Craft, Nicholas Dawson, Martine Delvaux, Sandrine Galand, Maude Lafleur, Mael Maréchal, Roxane Nadeau, Mélanie O’Bomsawin et Justina Uribe se réunissent sous l’ombre lumineuse et créatrice de Jennifer Bélanger, qui est mon invité, ce soir, à Mission encre noire.
60 min
Mission encre noire 06 juin
Émission du 6 juin 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 411. Mise en forme par Mikella Nicol paru en 2023 aux éditions Le Cheval D’août. À la suite d’une rupture amoureuse encore fraîche et de l’aménagement en catastrophe chez un ami, la narratrice se jette à corps perdu dans l’entraînement physique. Malgré que son corps deviennent de plus en plus performant, la dépression gagne du terrain, il y a toujours quelque chose qui cloche. Ce qui s’impose très vite comme la seule activité encore valable à ses yeux va devenir un sujet de réflexion tenace. Et si, en dépit des injonctions bénéfiques assénées par les vidéos de fitness, les programmes de remises en forme n’étaient que la partie émergée d’une problématique plus vaste. Pour l’autrice l’idée jaillit en croisant un inconnu malveillant dans la rue. Le lien qui unit violence et beauté ne fait plus aucun doute. Ou comment l’industrie du fitness, entre autre, confirme la main mise d'une esthétique patriarcale, coloniale et fossile, sur le discours ambiant, dixit Paul B. Preciado. On peut se demander, ici, comment un tel système, qui vise la soumission collective totale des corps, se met-il en place ? Les femmes en particulier, tels des objets inoffensifs, se doivent de collaborer, bien entendu, à leur corps défendant, à des modèles hétérosexuels astreignants. Ce livre à mi-chemin de l’essai et du récit autobiographique laisse libre court à une parole qui refuse de rentrer dans le moule. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Mikella Nicol.
60 min
Mission encre noire 23 mai
Émission du 23 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 410. Daniel Grenier Héroïnes et tombeaux paru en 2023 aux éditions Héliotrope. Alexandra Pearson, originaire du Tennessee, lit le New York Times dans cette ville secondaire brésilienne à l’ouest de Porto Alegre : Uruguaiana. Aujourd’hui journaliste, la jeune femme qui avait cheminé aux côté de Françoise dans le roman précédent de l’auteur, part à la recherche, cent ans plus tard, d’un étrange personnage, Ambrose Bierce, auteur du Dictionnaire du diable. Il serait mort fusillé en 1915 au Mexique et réapparu, bien vivant, à des milliers de kilomètres plus loin. Pour cela, elle devra mettre la main sur un manuscrit inédit. Pendant ce temps, comme l’annonce le journal, une certaine Helen Klaben décède à l’âge de 76 ans. Autrefois, elle a fait la Une du Life magazine, le 12 avril 1963, après avoir survécu 49 jours dans le froid du Yukon suite au crash de leur avion le 3 février 1963. Étrange coïncidence, ce nom, lui semble familier. Il lui remémore un souvenir amer, celui de Françoise, cette fille à qui elle n’a fait que mentir. À l’époque elle se faisait appeler Samantha. Dans ce troisième livre qui se veut un hommage à Ernesto Sabato, l’auteur nous entraîne dans un étrange roman d’aventures dans lequel il explore une fois encore le territoire américain et il s’interroge sur la responsabilité de celui qui raconte les histoires des autres. Sur un air de Carioca, j’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Daniel Grenier.
60 min
Mission encre noire 16 mai
Émission du 16 mai 2023
Mission encre noire Tome 38 Chapitre 409. Exercices de joie par Louise Dupré paru en 2023 aux éditions du Noroît. Dernier fascicule du triptyque traitant des possibilités du poétique face à l’horreur et à la détresse entamé avec Plus haut que les flammes en 2010 puis La main hantée en 2016, Exercices de joie présente la poète fébrile, les côtes friables, hantée par des rêves qui la réveillent la nuit. Toutefois Louise Dupré n'abdique pas pour autant. Elle revendique le désir de se tenir debout devant un paysage en ruines quitte à s'accrocher à ses mots comme à une bouée. Car, s'il est peut-être vain de vouloir comprendre l’envers du monde quand le temps fuit entre nos doigts, pourquoi ne pas apprivoiser les douleurs, en oublier la piqûre de l’aiguille. L’écriture, telle une veine fragile qui palpite encore, se mue en écorce revêche, pour combattre en prose et en vers. Si la suie de Birkenau ou de Auschwitz la poursuit encore, si l’ombre de la main coupable du second recueil habite encore les pages, les poèmes explorent ici une autre voie, plus apaisée. Celle de la douceur, celle de la joie, que l'autrice défini comme cet instant précieux et rare ou le cœur module ses élans. Il est du devoir de la poète de donner à voir cette faible clarté bienveillante qui conduit sa main. Certes, le cercle des poètes disparus s’agrandit un peu plus chaque jour, le monde chancelle ; non, elle ne vacillera pas ; l’autrice appartient à la généalogie des femmes qui n’ont jamais renoncé. J’accueille, ce soir, à Mission encre noire, Louise Dupré.
60 min
Mission encre noire 02 mai
Émission du 2 mai 2023
Mission encre noire Tome 37 Chapitre 408. Le plein d’ordinaire par Étienne Tremblay paru en 2023 aux éditions Les Herbes Rouges. Asti qu’était belle! se dit Mathieu alors qu'il entre dans le Pétro sur le boulevard qui mène vers Longueuil, proche de l’usine Weston. Elle, c’est Val, sa future collègue que l’adolescent de Boucherville va chercher désespérément à séduire. Le futur cégépien est persuadé d’être promis à un grand destin de poète, cela sera-t-il suffisant pour elle? En attendant, il travaille de nuit dans une station-service à distance de vélo de chez lui. Une job parfaite qui lui permet de lire à sa guise, de consommer ses trois gammes de pot, de voler des cigarettes et de manger à volonté. Mathieu illustre à merveille la chronique ordinaire d’un ados de banlieue des années 2000. Une jeunesse qui se mélange, qui se passionne, qui se voit un avenir exceptionnel, qui rêve la vie en grand plutôt qu’à travers le miroir aveugle de l’écran noir d’un cellulaire. Mathieu n’a rien de différent des autres, si ce n’est l’élan que lui procure une sensibilité exacerbée et un certain goût du risque. Des excès qui fatalement se fracasseront contre le mur des réalités. Voici un roman initiatique qui relate l’aventure épisodique, très attachante, d’un jeune homme en quête de lui-même, pris au centre de son univers sensible, près à devenir un autre Mathieu, même s'il ne sait pas très bien encore à quoi cela ressemblera. J’accueille, ce soir à Mission encre noire, Étienne Tremblay.
60 min